La Route des Cieux

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Chapitre 45 : La Route des Cieux

Orage ignora ses doutes et continua son chemin dans le tunnel faiblement éclairé du passage secret. Ses bottes résonnaient étrangement sur le pavé, comme si il n'y avait aucune autre présence humanoïde dans le caveau. C'était franchement inquiétant.

« Pitié, faites que Ignatius ne m'aie pas mené en bateau ! murmura le Demi-Chat, paniqué. Pourquoi je ne ressens aucune présence magique ? La doctoresse respirait la Magie ! »

Orage eut l'impression de marcher en ligne droite pendant des heures. Il ne voyait pas le fond du tunnel, et aucun éclat de voix ne lui parvenait. La lumière des torches se fit de plus en plus faible au fur et à mesure de son avancée, jusqu'à s'éteindre complètement. Le Demi-Chat se retrouva dans le noir absolu.

Son coeur fit un bond dans sa poitrine.

« Je n'aime pas ça du tout... » souffla-t-il.

Soudainement, des chuchotements aigus lui parvinrent.

« C'est lui, tu crois ? Il me paraît bien faible...

— Aucun doute... Cette bouille de Demi-Chat tout mignon, ces yeux verts... Et son aura magique... Bienvenue, Orage Staïko, dans ton véritable être ! »

Orage sentit une sorte de courant d'air moite lui tourner autour et lui murmurer des choses à l'oreille.

« Viens avec nous, Orage, nous savons tout sur toi... Nous savons tes plus grandes peines, tes plus grands regrets, mais aussi tes plus grandes envies ! Nous savons que tu méprises Nuage et que tu ne le considère que comme un pâle substitut de Shimo... Qu'au fond de toi, tu espères que Flamme ne reviendra pas car elle te faisait de l'ombre... Que parfois, tu en veux à Rosée de ne pas en avoir fait plus pour que votre relation dure... Tout ça, nous le savons, Orage. »

Ce dernier s'étrangla avec sa salive lorsqu'il entendit toutes ces preuves. Chacune de ces idées, il y avait pensé lorsqu'il n'était pas en forme mentalement, qu'il cherchait la faute ailleurs que chez lui. Le meilleur exemple avait été quand Shimo avait péri et qu'il avait été forcé de faire son deuil.

« Si tu nous écoutes, toutes tes plus grandes envies pourront devenir réalité... Il suffit juste de te laisser emporter par tes plus noires idées... »

Orage en fut effaré. Ce n'était pas du tout son genre, de laisser la haine tout recouvrir. Il voulait sortir au plus vite de cet endroit, s'éloigner de ses ombres maudites qui en savaient bien trop sur lui.

J'ai compris ! Je ne sais pas comment, mais j'ai atterri dans mon esprit. Enfin, dans une représentation psychique. Et ils sont mes démons intérieurs...

Il se concentra pour créer une flamme magique et éclairer les environs. Mais, lorsqu'il l'alluma, elle ne produisit pas le halo escompté. Elle brilla un instant, avant qu'une des ombres noires ne vienne l'éteindre.

« Hep hep hep ! Pas de petits trucs magiques, ici ! Juste... Toi contre toi. Tu pourrais devenir une toute autre personne, en sortant d'ici, sifflota une des voix. Il ne te suffirait que de dire oui. Un petit oui à tes ombres chéries. A ta haine, ta colère, ton ressentiment. Comme ça, tu pourrais avoir accès à la Sorcellerie. C'est bien plus que ta minable magie. »

Orage se remémora soudain un cours de Développement de la Magie, à l'Académie. Le professeur les avait alors avertis sur la Sorcellerie et ses dangers.

« La Sorcellerie naît dans un être quand celui-ci se laisse submerger par ses émotions négatives. Il se fait alors posséder par la haine, le ressentiment. Un Sorcier n'est souvent pas sain mentalement et même plutôt instable. Il est capable de changer d'avis en un instant et de vous faire des crasses absolument ignobles.

Sur la route des cieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant