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Le reste de la journée s'étira interminablement. Après le départ de Juliama, je me retrouvai seule avec mes pensées. J'essayai de me distraire, de trouver quelque chose pour occuper mon esprit, mais chaque activité semblait dénuée de sens. Le silence de la maison était assourdissant, chaque tic-tac de l'horloge semblant résonner plus fort que d'habitude.

Je décidai de ranger un peu la maison, espérant que l'ordre extérieur apporterait un semblant de calme intérieur. Les heures passaient lentement, chaque minute me rapprochant de la nuit, de notre prochaine rencontre. Je fis la vaisselle, rangeai les livres épars, et m'attaquai même à la pile de linge que j'avais négligée. Mais même ces tâches quotidiennes ne pouvaient pas occulter l'excitation qui bouillonnait en moi.

En début de soirée, je préparai un repas simple, plus par habitude que par appétit. La nourriture semblait insipide, chaque bouchée une formalité. Mon esprit était ailleurs, déjà en route vers Juliama. Après avoir fini de manger, je me laissai tomber sur le canapé, fixant le plafond et laissant mes pensées vagabonder. Le crépuscule commençait à tomber, projetant des ombres allongées à travers la pièce.

Quand la nuit tomba enfin, je sentis une vague de nervosité m'envahir. J'enfilai des vêtements sombres et confortables, parfaits pour une sortie discrète. Avant de partir, je jetai un dernier coup d'œil autour de la maison, m'assurant que tout était en ordre. Je pris une profonde inspiration et sortis par la porte arrière, fermant doucement derrière moi.

La fraîcheur de la nuit m'accueillit, l'air sentant la pluie récente et la terre mouillée. Je pris soin de rester dans l'ombre, évitant les rares réverbères qui éclairaient faiblement les rues. Le quartier semblait endormi, les maisons silencieuses et les rues désertes. Mon cœur battait la chamade, chaque pas me rapprochant de Juliama.

Je longeai les murs, évitant les rares passants et m'assurant de ne pas attirer l'attention. Les bruits de la nuit, le chant des grillons, le murmure du vent dans les arbres, semblaient amplifier mon isolement. Chaque craquement sous mes pieds me faisait tressaillir, mais je continuai, déterminée à rejoindre Juliama.

Arrivée au bord du quartier, je pris un raccourci à travers un parc abandonné. Les arbres sombres et les buissons épais offraient une couverture bienvenue, mais aussi une certaine menace. Je jetai des regards nerveux autour de moi, m'assurant que personne ne me suivait. Le chemin était légèrement boueux, rendant ma progression lente et précautionneuse.

Lorsque j'émergeai enfin de l'autre côté, je pouvais voir l'immeuble de Juliama au loin, ses fenêtres faiblement éclairées se détachant dans la nuit. J'accélérai le pas, l'excitation refoulée maintenant palpable. En approchant de l'immeuble, je pris soin d'éviter les lampadaires, me glissant furtivement jusqu'à la porte d'entrée.

Je montai les escaliers aussi silencieusement que possible, chaque marche grincante me semblant assourdissante dans le silence nocturne. Arrivée devant la porte de Juliama, je pris une profonde inspiration avant de frapper doucement.

Juliama ouvrit la porte, enveloppée dans une serviette blanche qui lui arrivait à mi-cuisses, révélant ses bras tatoués et ses jambes nues. Ses cheveux étaient encore mouillés, des gouttes d'eau glissant le long de son cou jusqu'à ses épaules. Elle me semblait surprise de me voir aussitôt.

J—Entre, Isadora, dit-elle en s'écartant pour me laisser passer. J'attendais de te voir un peu plus tard.

Je m'avançai dans son appartement, et elle referma la porte derrière moi.

J—Installe-toi sur le canapé, je fini de me préparer, ajouta-t-elle en me faisant signe de m'asseoir.

—Tu t'es lavée ? demandai-je avec un sourire taquin. Ah moi aussi, j'ai besoin d'une bonne douche.

Elle me regarda avec un demi-sourire amusé.

J—Je me suis déjà douché, répondit-elle en se dirigeant vers la salle de bain.

Je m'assis sur le canapé, observant l'appartement de Juliama. L'atmosphère était calme, presque apaisante, et je me sentais étrangement à l'aise ici. Je laissai mes pensées vagabonder, réfléchissant à tout ce qui s'était passé récemment.

Quelques minutes plus tard, Juliama revint, habillée et ses cheveux encore humides.

J—Tu es vraiment têtue, dit-elle en s'asseyant à côté de moi. Pourquoi es-tu venue si tôt ?

Je haussai les épaules, un sourire espiègle sur les lèvres.

—Je ne pouvais plus attendre, répondis-je.

Elle secoua la tête, un mélange de résignation et de tendresse dans son regard.

J—Les garçons n'auraient pas apprécier si ils découvraient que tu es venue ici.

—Je sais, dis-je doucement. Mais j'avais besoin de te revoir, besoin de sentir que tout ça en vaut la peine.

J—Toujours à chercher des excuses pour te rapprocher de moi. dit-elle, sa voix légèrement rauque.

—Et toi, toujours à me tenir à distance, rétorquai-je avec un sourire espiègle. Peut-être que tu aimes ça autant que moi.

Elle haussa un sourcil, son expression devenant plus sérieuse mais toujours teintée d'affection.

J—Peut-être, murmura-t-elle en se rapprochant. Mais il y a des moments où il faut savoir être prudent, et d'autres où il faut suivre ses envies.

—Alors, lequel est-ce ? demandai-je, mon cœur battant plus fort.

J—Un peu des deux, répondit-elle en se penchant légèrement vers moi. Je veux que tu sois prudente, mais je ne peux pas nier que te voir ici, maintenant, me fait du bien.

Je sentais la tension monter entre nous, chaque mot chargé de sous-entendus.

—J'ai toujours su que tu avais un faible pour moi, taquinai-je, jouant avec une mèche de ses cheveux encore humides.

J—Ne te fais pas trop d'illusions, répliqua-t-elle en riant doucement. Je suis juste... humaine.

Je m'approchai encore un peu, nos visages à quelques centimètres l'une de l'autre.

—Humaine, hein ? Et qu'est-ce qu'une humaine fait dans ce genre de situation ?

Elle se mordit la lèvre inférieure, luttant visiblement contre ses propres désirs.

J—Elle reste professionnelle et met ses émotions de côté, dit-elle d'une voix ferme mais douce.

—Et si je ne veux pas que tu restes professionnelle ? Si je veux voir la femme derrière l'uniforme ?insistai-je, mon ton devenant plus sérieux.

Juliama me fixa, son regard intensifiant la chaleur entre nous.

J—Isadora, tu sais très bien où cela peut nous mener. Mais...

Juliama hésita, les mots semblant se coincer dans sa gorge.

—Mais quoi, Juliama ? insistai-je, mes yeux cherchant les siens. Pourquoi est-ce si difficile pour toi de laisser tomber ce mur entre nous ?

Elle soupira profondément, son regard se faisant plus doux, presque vulnérable.

J—Parce que je ne veux pas te mettre en danger, dit-elle enfin. Parce que si quelque chose devait t'arriver à cause de moi, je ne me le pardonnerais jamais.

Je pris une profonde inspiration, essayant de contenir l'émotion qui montait en moi.

—Tu n'as pas à porter ce poids toute seule, murmurai-je. Je suis prête à prendre ce risque, Juliama. Pour nous deux.

Ses yeux s'adoucirent, mais une ombre de doute persistait.

J—Tu ne comprends pas. C'est mon travail de te protéger, de veiller à ce que rien de mal ne t'arrive. Et parfois, cela signifie que je dois me tenir à distance.

—Je comprends, mais je refuse de vivre dans la peur, répliquai-je, ma voix se faisant plus ferme. Je veux vivre pleinement, avec toi. Peu importe les risques.

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