La nuit avait plongé le quartier dans un silence paisible, chaque maison étant assoupie sous le voile sombre du ciel. Les rires et les discussions de la journée avaient laissé place à une tranquillité presque oppressante, où même le souffle du vent semblait s'être atténué par respect pour la fatigue des habitants. Tout le monde dormait profondément, emporté par l'épuisement des activités et des émotions de la journée.
Je me glissai hors de ma chambre, veillant à ne faire aucun bruit. Mon cœur battait plus vite à chaque pas, craignant de réveiller quelqu'un ou d'attirer l'attention. Les garçons dormaient dans le salon, bercés par le calme nocturne. Je m'assurai que la maison était bien endormie avant de quitter discrètement notre demeure.
La fraîcheur de la nuit me frappa dès que je passai la porte, et je pris une grande inspiration pour me calmer. La ville m'attendait, et j'avais besoin de réponses.
Je parcourus les rues sombres, évitant les rares lampadaires encore allumés.
...
La ville semblait un autre monde à cette heure, ses bruits familiers étouffés par l'obscurité. Mon chemin me mena naturellement vers l'appartement de Juliama. L'immeuble, à peine éclairé par la lumière des fenêtres, paraissait endormi lui aussi. Je montai les marches en silence, mes pensées tourbillonnant.
Arrivée devant la porte de Juliama, je frappai doucement, hésitante.
Quelques secondes passèrent, puis j'entendis des pas légers approcher. La porte s'ouvrit lentement, révélant Juliama, encore à moitié endormie. Elle portait un t-shirt ample et un short, ses cheveux en désordre encadrant son visage surpris.
J—Isadora ? murmura-t-elle, la surprise évidente dans sa voix. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Je la regardai, partagée entre le soulagement de la voir et la culpabilité de l'avoir réveillée.
—Je... Je devais te parler. C'est important.
Elle s'écarta pour me laisser entrer, refermant doucement la porte derrière moi. L'appartement était plongé dans une pénombre apaisante, à peine illuminée par les lueurs de la ville filtrant à travers les rideaux. Juliama me guida vers le salon, s'installant sur le canapé et me faisant signe de la rejoindre. Elle frotta ses yeux pour chasser les derniers vestiges de sommeil, son expression passant de la surprise à une inquiétude attentive.
J—Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle doucement, sa voix teintée de fatigue mais aussi de sollicitude.
Je pris une profonde inspiration, cherchant les mots justes.
—... J'ai vu ce regard échangés entre vous. Tu connais Mikaël, n'est-ce pas ?
Juliama fronça les sourcils, l'inquiétude remplaçant la fatigue dans ses yeux.
J—Isadora, tu sais que je fais tout pour te protéger. Mais ce que tu dis... Ça complique les choses. Mikaël est là pour une raison, mais tu dois faire attention. Je ne voulais pas t'impliquer davantage.
Je la regardai, cherchant des réponses dans ses yeux.
—Juliama, je sais que tu veux me protéger, mais je dois comprendre ce qui se passe. Pourquoi Mikaël est-il vraiment là ? Qu'est-ce que je dois savoir ?
Elle soupira, se penchant en avant pour poser une main rassurante sur la mienne.
J—Il est là pour s'assurer que tu es en sécurité, mais son rôle exact est compliqué. Je ne peux pas tout te dire maintenant, mais fais-moi confiance. Je ne te laisserai pas tomber.
Le silence s'installa entre nous, lourd de non-dits et de promesses. Je savais que je devais lui faire confiance, mais la situation devenait de plus en plus confuse.
Finalement, Juliama se leva, visiblement épuisée.
J—Tu devrais rentrer, Isa. On en parlera plus tard. Reste discrète et sois prudente. Je veillerai sur toi, même à distance.
Je hochai la tête, bien que mes pensées fussent encore embrouillées par les événements de la journée. Alors que je me levais pour partir, mon regard se posa sur les cadres photos accrochés au mur dans le salon. Des souvenirs de moments passés, figés dans le temps. Et soudain, la reconnaissance me frappa.
Là, sur une vieille photo légèrement jaunie, Juliama se tenait aux côtés d'un jeune homme. Ils riaient, visiblement proches. Ce sourire, ces yeux... C'était lui. Mikaël.
La révélation fit battre mon cœur plus fort. C'était ici que je l'avais déjà vu. Comment avais-je pu ne pas faire le lien plus tôt ?
Juliama remarqua mon regard fixe sur la photo et suivit mon regard. Ses yeux s'élargirent un instant avant de redevenir impassibles. Elle se tourna vers moi, son expression un mélange de détermination et de résignation.
J—Maintenant, tu sais, murmura-t-elle. Mais garde-le pour toi. C'est trop dangereux pour quiconque de le découvrir.
Je déglutis, tentant de digérer cette nouvelle information.
—Pourquoi ne m'as-tu pas dit plus tôt ?
J—Parce que plus tu en sais, plus tu es en danger. Mikaël est ici pour une raison, et tu ne dois pas attirer l'attention sur lui. Fais comme si tu ne savais rien. C'est la meilleure façon de nous protéger tous.
—Pourquoi me laisser dans l'ignorance.
J—Mikaël est ici pour une mission, une mission qui pourrait le mettre en grave danger si quelqu'un découvrait qui il est vraiment.
—Et tu ne pensais pas que je devais savoir ça ? Que je devais être prête ? Ma voix se brisa légèrement, trahissant ma frustration et ma peur
J—Je sais, murmura-t-elle, sa voix douce mais ferme. Je sais que tu as le droit de savoir. Mais parfois, moins tu en sais, mieux c'est. Si tu n'avais pas reconnu Mikaël, il aurait pu continuer à opérer sans attirer l'attention. Maintenant, les choses sont plus compliquées.
Je me pinçai les lèvres, essayant de comprendre ses motivations.
—Alors, que dois-je faire maintenant ? Faire semblant de ne rien savoir ?
J—Exactement. Fais comme si tu ne l'avais jamais reconnu. Agis normalement. Plus personne ne doit découvrir son identité.
Je pris une profonde inspiration, tentant de calmer les émotions tumultueuses qui me submergeaient.
—D'accord. Je vais essayer. Mais sache que je ne suis pas contente de tout ça. J'aurais préféré que tu me fasses confiance dès le début.
Juliama posa une main réconfortante sur mon bras.
J—Je sais. Et je suis désolée. Mais crois-moi, tout ce que je fais, c'est pour te protéger.
—Je te crois. Mais promets-moi que ça ne se reproduira pas. Promets-moi que tu me tiendras informée à l'avenir.
J—Je te le promets, répondit-elle avec sincérité.
Juste avant de partir, alors que nos regards se croisèrent une dernière fois, un sourire espiègle étira les lèvres de Juliama.
J—Tu sais, même avec tout ça, tu es plutôt mignonne quand tu es en colère, murmura-t-elle, un léger amusement dans la voix.
Mon cœur manqua un battement devant cette remarque inattendue. Je détournai le regard, sentant la chaleur monter à mes joues.
—Tu as vraiment un don pour désamorcer les situations tendues, répliquai-je, tentant de dissimuler mon embarras.
Un silence doux s'installa entre nous, chargé de sous-entendus non-dits. Puis, avec un léger hochement de tête, je pris congé.
Je ne pouvais m'empêcher de penser à cette interaction alors que je regagnais le quartier, me demandant ce qu'elle signifiait réellement. Mais pour l'instant, je devais me concentrer sur les défis à venir et garder mon attention sur les véritables enjeux qui se profilaient à l'horizon.
VOUS LISEZ
Let Me Help You
عاطفيةUne policière déterminée, habituée à patrouiller dans des quartiers difficiles, cherchant à maintenir l'ordre dans un monde souvent chaotique. Ce jour-là, ses pas l'avaient guidée vers un quartier où les ombres semblaient danser au rythme des lumièr...