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Creed s'approchait, ses pas lourds résonnant dans le couloir exigu. Il s'arrêta à quelques mètres de nous, une arme à la main, son visage déformé par une fureur froide et calculatrice. Il leva l'arme, pointant tour à tour vers Juliama et moi.

Il éclata de rire, un rire cruel et dément, en voyant la peur dans nos yeux. Il savait désormais ce que je cachais depuis tout ce temps, et cela semblait le divertir davantage.

C—Alors c'est ça, Isadora ? C'est ici que tu t'es réfugiée, et voilà avec qui tu passes ton temps ? Cette flic ? Je dois dire que c'est audacieux, même pour toi. Je savais que tu avais du cran, mais à ce point-là...

Il fit une pause, savourant le moment, son regard glacial scrutant chaque détail de la scène.

C—Tu sais, je pensais que tu étais plus intelligente que ça. Revenir dans le quartier comme si de rien n'était, alors que tu avais une telle marque sur toi. Une trahison comme celle-là ne reste jamais impunie, tu devrais le savoir. Et maintenant, tu as mis cette pauvre femme dans le pétrin.

Juliama restait immobile, sa respiration rapide et ses muscles tendus. Creed fit un pas de plus, son sourire s'élargissant.

C—La loyauté, Isadora. C'est tout ce qui compte. Tu étais censée être des nôtres, faire partie de notre famille. Et voilà comment tu nous remercies ?

Il fit tourner l'arme dans sa main, son regard oscillant entre nous deux, pesant ses options.

C—Tu sais ce qui arrive aux traîtres, n'est-ce pas ? On les traque, on les punit. Mais toi, tu es spéciale. Tu nous as menti, trahi, et maintenant tu nous exposes à nos ennemis. Je devrais te faire souffrir pour chaque mensonge, pour chaque moment où tu as pensé pouvoir échapper à ta famille.

Il s'approcha encore, ses yeux brûlant d'une haine froide.

C—Maintenant, dis-moi, comment comptes-tu te racheter ? Toi ou elle, l'une de vous doit payer pour cette trahison. Alors, Isadora, qui vas-tu choisir ?

La question flottait dans l'air, lourde de menace et d'attente. Creed nous observait, attendant ma réponse, prêt à agir à la moindre hésitation.

C—Peut-être que tu ne comprends pas la gravité de la situation, continua-t-il, son ton devenant encore plus glacial.

C—Peut-être que je dois te rafraîchir la mémoire sur ce que ça signifie de trahir le quartier. Je me souviens de tous ceux qui ont essayé de nous échapper, de tourner le dos à la famille. Aucun d'eux n'a eu une fin heureuse, tu sais. Et toi, tu penses pouvoir t'en sortir parce que tu as trouvé refuge dans les bras de cette... policière ?

Le silence était assourdissant, chaque seconde s'écoulant comme une éternité. Creed attendait, l'arme toujours prête, son regard fixé sur moi, savourant chaque moment de tension.

C—Alors, Isadora, murmura-t-il, sa voix un venin pur, qui vas-tu choisir ? Toi ou elle ?

La menace suspendue dans l'air, je pouvais sentir le poids de chaque mot, chaque geste, chaque respiration. La décision qui se dressait devant moi était lourde de conséquences, et Creed n'allait pas attendre éternellement.

Je restais muette, incapable de formuler une réponse. Creed, exaspéré par mon silence, se mit à marcher en cercle autour de nous, l'impatience et la colère suintant de chaque pore de sa peau.

C—Ne me fais pas perdre patience, Isadora. Tu sais à quel point je déteste attendre. Je te laisse encore une chance. Réfléchis bien. Une seule réponse te sauvera, une seule te condamnera. Qui est-ce que tu choisis ?

De loin, ses yeux perçant mon âme avec une intensité terrifiante.

C—Dernière chance, Isadora ! Toi ou elle ?

Je sentais les larmes monter, mais je refusais de céder. Creed, voyant mon indécision persistante, devint encore plus menaçant.

C—Très bien, si tu ne peux pas choisir, je le ferai pour toi. Et crois-moi, tu ne vas pas aimer ma décision.

Il leva l'arme, son regard se fixant sur Juliama. Mon cœur battait la chamade, chaque battement résonnant dans mes oreilles. L'instant se figea lorsque je vis son doigt commencer à presser la gâchette, prêt à mettre fin à la vie de celle que j'aimais.

L'adrénaline prit le dessus, et avant même que je ne puisse y réfléchir, ma main glissa dans ma poche, en sortant l'arme que j'avais prise plus tôt. Je pointai l'arme vers Creed, mes mains tremblant légèrement, mais mon regard fixé avec détermination.

J—Isadora, non ! cria Juliama.

... Mais il était trop tard.

Sans une seconde d'hésitation, je pressai la gâchette. Le coup de feu retentit dans le couloir, un bruit assourdissant qui sembla résonner à l'infini.

Creed s'arrêta net, une expression de choc et de douleur se peignant sur son visage. Il baissa les yeux vers son torse, là où la balle l'avait frappé en plein cœur.

Le temps sembla ralentir alors que Creed vacillait, lâchant son arme. Il tomba à genoux, une main se portant à la blessure béante sur sa poitrine. Le sang commença à se répandre, imbibant son vêtement. Ses yeux, autrefois si pleins de haine et de mépris, étaient maintenant emplis d'incompréhension et de souffrance.

C—Toi... murmura-t-il, sa voix à peine audible. Comment... as-tu pu ?

Ses mots se perdirent dans un gargouillis alors qu'il s'effondrait complètement, son corps heurtant le sol avec un bruit sourd. L'arme glissa de ses doigts, s'arrêtant à quelques centimètres de moi.

Je restai immobile, l'arme toujours pointée vers l'endroit où Creed se trouvait quelques secondes auparavant. Ma respiration était rapide et saccadée, le choc de ce que je venais de faire me frappant de plein fouet. Je baissai lentement l'arme, mes mains tremblant désormais de manière incontrôlable.

Je tournai la tête vers Juliama. Elle se tenait là, figée, ses yeux grands ouverts fixés sur le corps de Creed qui se vidait de son sang sur le sol du couloir. Son visage était pâle, les traits tirés par la peur et l'incompréhension. Elle semblait pétrifiée, incapable de bouger ou de parler, son regard vide trahissant l'horreur de la scène.

Le sang de Creed s'étalait lentement, formant une mare rouge sombre autour de son corps inerte. Le silence du couloir était oppressant, seulement interrompu par les échos lointains de la ville à l'extérieur. La vue de ce sang, symbole de la violence et de la mort, renforça la réalité brutale de la situation.

Juliama ne pouvait rien faire, tout comme moi, face à la finalité de ce qui venait de se passer. Ses yeux, habituellement si vifs et pleins de vie, étaient maintenant ternes, marqués par le choc et l'épouvante. Elle avait les bras légèrement écartés, comme si elle avait voulu intervenir mais avait été clouée sur place par l'atrocité du moment.

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