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Je me levai difficilement ce matin-là, la tête lourde de questions et de doutes. Les mots d'Isadora tournaient encore et encore dans mon esprit, comme une litanie douloureuse. Je me dirigeai vers la salle de bains, traînant des pieds, et me regardai dans le miroir. Mon reflet me renvoyait l'image d'une femme épuisée, usée par des nuits sans sommeil et des larmes versées en silence.

Je pris une douche rapide, laissant l'eau chaude tenter de dissiper la fatigue et le poids des préoccupations. Malgré mes efforts, les pensées sombres persistaient. Une fois habillée, je me dirigeai vers la cuisine, attrapai une tasse de café et m'efforçai de manger quelque chose. Chaque bouchée était un effort, chaque gorgée un rappel de la veille.

Alors que je me préparais à partir pour le commissariat, je pris une profonde inspiration, espérant trouver la force d'affronter cette nouvelle journée. Je glissai mes affaires dans mon sac, vérifiai mes clés, puis me dirigeai vers la porte d'entrée.

En l'ouvrant, je trébuchai presque en avant. Mon cœur se serra en voyant Isadora, couchée au pied de ma porte. Elle semblait si vulnérable, recroquevillée sur elle-même, comme si le monde entier pesait sur ses épaules. Ses cheveux étaient en désordre, et son visage marqué par la fatigue et l'émotion.

J—Isadora... murmurai-je, plus pour moi-même que pour elle. Lève-toi.

Je me baissai lentement, ma main tremblante venant effleurer son épaule. Elle ouvrit les yeux, un mélange de confusion et de soulagement passant dans son regard. Je l'aidai à se redresser, mes mouvements doux mais déterminés.

Je l'accompagnai à l'intérieur de l'appartement, l'installant doucement sur le canapé. Son visage était marqué par la fatigue

J—Ne me dis pas que tu as dormi ici, dis-je, la voix teintée d'inquiétude.

Elle hocha lentement la tête, ses yeux rencontrant les miens avec une franchise désarmante.

J—Les garçons vont paniquer s'ils ne te trouvent pas dans ton lit ce matin. Ils vont s'inquiéter, dis-je, tentant de contenir la tension dans ma voix. Pourquoi tu es rester.

Elle haussa les épaules, son regard ne quittant pas le mien.

—Je m'en fiche, murmura-t-elle. Je veux juste être avec toi. Rien d'autre ne compte.

Je fermai les yeux un instant, tentant de rassembler mes pensées. La profondeur de son attachement me touchait, mais la réalité de notre situation était complexe et effrayante.

J—Isa... Il faut que tu y retournes rapidement, dis-je remettant sa mèche derrière son oreille.

Elle secoua la tête, obstinée, ses yeux plantés dans les miens avec une détermination féroce.

—Pas avant que tout soit réglé entre nous, dit-elle fermement.

Je sentis une vague de frustration monter en moi, mêlée à une tendresse impuissante.

J—Ce n'est pas si simple. On ne peut pas tout résoudre en une seule conversation.

Elle se redressa légèrement sur le canapé, ses traits tendus par l'émotion.

—Alors prenons le temps qu'il nous fait. Je ne peux plus continuer comme ça, Juliama. J'ai besoin de savoir où on en est. Je veux être avec toi, mais pas si on continue à se blesser mutuellement.

Je baissai les yeux, le poids de ses mots s'infiltrant profondément en moi.

—Tu ne te rends pas compte, dit-elle entre deux sanglots. Tu ne te rends pas compte du bien que tu me fais, de la façon dont tu illumines ma vie à chaque fois que je te vois. Mais tu ne vois pas non plus à quel point ça me détruit quand tu es loin de moi, quand tu me rejettes. Je me sens tellement perdue sans toi.

Je levai les yeux vers elle, la douleur dans son regard me frappant comme un coup de poing. Ses mots étaient comme des poignards, révélant une souffrance que je n'avais pas pleinement comprise.

Elle serra ma main plus fort, comme si elle craignait que je disparaisse.

—Je t'aime, Juliama, poursuivit-elle, ses yeux noyés de larmes fixés sur les miens. Et c'est ça qui me fait le plus peur. Parce que chaque fois que je te sens t'éloigner, j'ai l'impression que mon cœur se brise un peu plus.

Je sentis mes propres yeux s'humidifier, la force de ses sentiments me submergeant.

J—... Je ne sais pas comment gérer tout ça. Je veux te protéger, mais je me rends compte que je te blesse en essayant de le faire.

Elle hocha la tête, les larmes continuant de couler.

—Alors ne me protège pas en me repoussant. Ne me laisse pas seule à lutter contre mes démons. Je suis plus forte quand tu es avec moi.

Je pris une profonde inspiration, essayant de calmer le tourbillon d'émotions en moi.

J—Je ne veux plus te faire de mal... Mais il faut qu'on soit prudentes. Si les garçons découvrent ce qui se passe, ça pourrait devenir encore plus compliqué.

Elle essuya ses larmes d'un revers de main, un léger sourire apparaissant sur ses lèvres tremblantes.

—Tant que je suis avec toi, je suis prête à affronter n'importe quoi, dit-elle doucement.

Je serrai sa main dans la mienne et pris une profonde inspiration, la regardant dans les yeux, cherchant à clarifier ce point essentiel.

J—Tu dois comprendre que ce n'est pas seulement une question de cœur brisé ou de douleur émotionnelle. Nous risquons bien plus que ça.

J—Si les garçons découvrent ce qui se passe réellement entre nous, cela pourrait devenir extrêmement dangereux pour nous deux. Ilyas, Creed et V ne sont pas des hommes à prendre à la légère. Leur loyauté est à la fois une bénédiction et une malédiction. Ils protègent leur territoire et leurs proches avec une férocité sans bornes.

Elle fronça les sourcils, essuyant les dernières traces de larmes sur son visage.

—Que veux-tu dire ? demanda-t-elle, sa voix trahissant une inquiétude grandissante.

Je serrai sa main plus fort, sentant la gravité de la situation peser sur mes épaules.

J—Je veux dire qu'ils ne toléreraient jamais une relation entre nous. Pour eux, cela serait vu comme une trahison de leur confiance, de leur famille. Si cela venait à se savoir, ils pourraient me considérer comme une menace et toi aussi. Les conséquences seraient désastreuses. Nous devons absolument être prudentes, pour notre sécurité à toutes les deux.

—Je sais bien, murmura-t-elle, les larmes roulant toujours sur ses joues.

...

—Mais, on ne sait jamais de quoi la vie est faite. Nous ne pouvons pas toujours nous cacher dans la peur. Vivons dans le présent, profitons de ce que nous avons maintenant. Oui, il y a des risques, mais la peur ne doit pas nous paralyser. Si nous nous aimons vraiment, nous devons être prêtes à affronter ces dangers ensemble.

Ses mots résonnaient avec une vérité que je ne pouvais nier. Elle avait raison. Vivre dans la peur ne ferait que nous détruire peu à peu.

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