33

56 3 0
                                    

Le lendemain matin, je me réveillai avec un léger mal de tête, conséquence des événements de la veille. La maison était silencieuse, les garçons devaient encore dormir. Je me levai lentement, essayant de ne pas réveiller les autres, et me dirigeai vers la cuisine pour prendre un verre d'eau.

Alors que je m'appuyais contre le comptoir, réfléchissant aux récentes tensions avec Ilyas, je décidai de sortir prendre l'air. La cour était déserte, et l'air frais du matin était apaisant. Je pris une profonde inspiration, essayant de calmer mes pensées.

Soudain, j'entendis des bruits de pas derrière moi. Je me retournai pour voir Creed et V, leurs visages marqués par la fatigue. Ils s'approchèrent de moi, et Creed prit la parole en premier.

—Qu'est-ce qu'il y'a ?

Creed croisa les bras, jetant un coup d'œil à V avant de répondre.

C—On a des nouvelles de hier, et on doit aller vérifier un entrepôt. Ça va prendre toute la journée.

—Un entrepôt ? Pour quoi faire ?

V—C'est un ancien entrepôt abandonné près du port. On a entendu des rumeurs comme quoi il serait utilisé pour des trafics illégaux.

Je fronçai les sourcils, essayant de comprendre la situation.

—Et vous allez y aller seuls ?

Creed hocha la tête.

C—Et quelques gars du quartier. On doit s'assurer que c'est sécurisé. Si ces rumeurs sont vraies, on ne peut pas laisser ça passer.

Je pris une grande inspiration.

—Et c'est quoi exactement ces rumeurs ?

Creed échangea un regard avec V avant de répondre.

C—On parle de trafic d'armes. Des types dangereux pourraient être impliqués.

—Comment avez-vous entendu parler de ça ? demandai-je, curieuse de savoir d'où venait cette information.

V haussa les épaules.

V—Des sources locales, des gars qui traînent dans les environs. On a nos informateurs.

—Et vous êtes sûrs que c'est fiable ?

Creed acquiesça.

C—Autant que possible. Mais c'est pour ça qu'on doit aller vérifier nous-mêmes.

—Combien de temps pensez-vous que ça va prendre ? continuai-je, ne pouvant m'empêcher de m'inquiéter

C—Toute la journée, peut-être une partie de la nuit. On va prendre le temps qu'il faut, répondit V.

—Et... Je peux venir avec vous ?

V—Tu sais que c'est beaucoup trop dangereux.

—Mais je veux aider, insistai-je. Je suis capable de me défendre et je peux être utile.

V—Ce n'est pas une question de compétences, Isa. C'est une question de sécurité. On ne sait pas à quoi s'attendre là-bas.

—Justement, je peux vous couvrir, surveiller vos arrières, plaida-je, sentant l'urgence dans ma voix.

Creed soupira profondément.

C—Ce n'est pas seulement ta sécurité qui nous inquiète, mais aussi la nôtre. Si tu viens et qu'il y a des problèmes, ça complique tout.

Je croisai les bras, frustrée.

—Donc je suis censée rester ici et attendre, comme d'habitude ? Quand sera ma première mission alors ? Quand vais-je pouvoir faire quelque chose d'utile ?

V posa une main rassurante sur mon épaule.

V—Isa, tu fais déjà beaucoup. On a besoin de toi ici, en sécurité. On ne peut pas se permettre de te perdre.

—Mais je ne veux pas être une charge, rétorquai-je, sentant ma frustration grandir.

C—Tu n'es pas une charge. Ta présence ici nous donne la tranquillité d'esprit. Savoir que tu es en sécurité nous permet de nous concentrer sur ce qu'on doit faire.

—Mais je veux plus, murmurai-je, presque pour moi-même.

V me regarda avec empathie.

V—On sait. Et ta première mission viendra, je te le promets. Mais ce n'est pas aujourd'hui. Aujourd'hui, on doit gérer ça, et on a besoin que tu sois ici, en sécurité.

C—Isa, on a encore beaucoup de choses à t'apprendre, dit-il calmement. Ce n'est pas juste une question de compétences physiques. C'est aussi une question de stratégie, de compréhension des situations complexes et des dynamiques en jeu.

V acquiesça.

V—Exactement. On veut que tu sois prête, vraiment prête, avant de te mettre en danger. Ça demande du temps et de l'expérience.

—Mais j'ai déjà appris beaucoup de choses, protestai-je, cherchant à les convaincre.

C—Oui, et tu progresses bien, reconnut Creed. Mais il y a des aspects que tu n'as pas encore explorés. Des situations que tu n'as pas encore vécues. On doit s'assurer que tu sois préparée à tout.

V—Ce n'est pas qu'on doute de toi, ajouta V. C'est juste qu'on veut que tu sois en sécurité et que tu réussisses.

Je baissai les yeux, réfléchissant à leurs paroles.

—Je comprends. Mais c'est difficile de rester ici et de ne rien faire.

Creed sourit légèrement.

C—Ce n'est pas rien faire, Isa. Chaque jour, tu t'entraînes, tu apprends. Tout cela te prépare pour le moment où tu seras prête à partir en mission.

V—Et ce jour viendra. On te le promet. En attendant, on va continuer à t'enseigner tout ce qu'on sait. Tu seras prête, et tu seras incroyable.

Je soupirai, résignée.

—D'accord.

Ils se préparèrent à partir, et je les regardai s'éloigner, une boule dans la gorge. Malgré leur assurance, je ne pouvais m'empêcher de me sentir inutile. Mais je savais qu'ils avaient raison. Pour l'instant, il valait mieux que je reste en sécurité ici, prête à les soutenir de loin.

-

Les garçons étaient occupés à préparer leurs sacs, discutant avec animation des détails de leur mission pour perfectionner le plan. Ilyas vérifiait les cartes et les notes, tandis que Creed et V s'assuraient que tout l'équipement nécessaire était bien emballé. Leur détermination était palpable, chaque geste calculé et précis. Creed, toujours attentif à tout, vint vers moi juste avant de partir. Sans un mot, il glissa discrètement un petit sachet de poudre blanche dans ma poche. Son regard était sérieux, presque protecteur.

C—Au cas où, murmura-t-il, ses yeux cherchant les miens pour s'assurer que je comprenais l'importance de son geste.

C—Si tu en as besoin, prends-en.

Puis, avec un dernier regard, il rejoignit les autres, prêt à partir.

...

-

Après quelques heures passées seule, l'inaction devenait insupportable. Je me surpris à sortir le sachet de poudre blanche que Creed m'avait laissé. La tentation de l'utiliser, de ressentir quelque chose pour combler ce vide, était trop forte. Je pris une petite quantité, la sentant presque instantanément agir, me procurant une sensation de légèreté temporaire mais efficace.

Mes pensées dérivaient invariablement vers Juliama. Malgré les récentes disputes et les complexités de notre relation, elle restait une constante dans mon esprit, un point d'ancrage. Je ne pouvais plus supporter l'inaction. L'idée de rester seule, coincée dans ce quartier, me paraissait insupportable.

Finalement, je pris mon courage à deux mains et décidai de lui rendre visite.

Let Me Help You Où les histoires vivent. Découvrez maintenant