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—Juliama, murmurai-je, ma voix à peine audible, cherchant désespérément à la faire revenir à la réalité.

Elle ne réagit pas immédiatement, son regard toujours fixé sur Creed. Ce n'est qu'après quelques secondes interminables qu'elle tourna enfin la tête vers moi, ses yeux rencontrant les miens. La peur et la confusion s'y mêlaient, et je savais qu'elle luttait pour comprendre et accepter ce qu'elle voyait.

J—Isadora... balbutia-t-elle finalement, sa voix tremblante. Qu'est-ce que tu as fait...?

Son ton n'était ni accusateur ni en colère, mais plutôt empreint d'une profonde tristesse et d'une inquiétude palpable. Elle ne pouvait tout simplement pas assimiler l'ampleur de ce qui venait de se produire.

Je fis un pas hésitant vers elle, mon cœur se serrant en voyant son état. Chaque fibre de mon être voulait la réconforter, lui dire que tout irait bien, mais les mots me manquaient. Nous étions toutes les deux emprisonnées dans ce moment de terreur, incapables de trouver une issue.

Le corps de Creed gisait là, inerte, rappel constant de notre acte désespéré pour survivre. L'odeur métallique du sang commençait à se répandre, ajoutant une dimension encore plus macabre à la scène. Je lâchai enfin l'arme, la laissant tomber au sol avec un bruit sourd, symbole de mon rejet de la violence que je venais de commettre.

—Dis quelque chose, implorai-je, ma voix à peine un murmure. Je t'en supplie.

Juliama, encore sous le choc, cligna des yeux et sembla revenir à elle-même. Ses années de formation et d'expérience en tant que policière prirent le dessus, son expression se durcissant en une détermination professionnelle.

J—Très bien, commença-t-elle d'un ton calme et maîtrisé. Nous devons procéder avec méthode.

Elle s'agenouilla près du corps de Creed, prenant un moment pour évaluer la situation. Elle sortit son téléphone et prit quelques photos de la scène, chaque clic de l'appareil résonnant dans le silence oppressant du couloir. Ses mouvements étaient précis et méthodiques, comme si elle suivait un protocole bien ancré.

J—Il faut signaler cet incident aux autorités, dit-elle en se relevant, son visage affichant une résignation professionnelle. Mais avant, nous devons sécuriser la scène.

Je la regardai, encore tremblante, mais trouvant une étrange forme de réconfort dans son attitude. Juliama me guida doucement vers l'intérieur de l'appartement, fermant la porte derrière nous pour nous éloigner de la vision macabre.

J—Isadora, écoute-moi, dit-elle en prenant mes mains dans les siennes. Je sais que c'est difficile, mais nous devons rester calmes et rationnelles. Il faut attendre les policiers, et préparer notre déclaration.

Je hochai la tête, essayant de rassembler mes pensées. L'image de Creed, l'arme, le tir... Tout était flou et terrifiant.

J—Je vais appeler la police. Il faut que tu restes calme, Isadora.

Juliama composa le numéro et expliqua rapidement la situation, son ton ferme et contrôlé. Je l'écoutai décrire les événements, sa voix rassurante malgré l'urgence de la situation.

Elle termina l'appel et se tourna vers moi, ses yeux reflétant une détermination farouche.

J—Les policiers seront là dans quelques minutes. Il faut que tu restes avec moi. Nous allons expliquer ce qui s'est passé.

—Il m'a menacée, réussis-je à articuler. Il voulait... il voulait que je choisisse entre toi et moi. Je n'avais pas le choix, Juliama. Je n'avais pas le choix...

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