Chapitre 68

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          Il ne trouvait pas le sommeil.

Assis sur son lit, le dos au mur, ses pensées s'entremêlaient dans un maelström confus. Il caressait la spalière de cuir, redessinant d'un doigt distrait la fleur de lys gravée dessus. C'est à peine s'il entendit la porte qui séparait sa chambre de celle de Skye s'ouvrir. Il releva les yeux, la regarda s'avancer jusqu'au lit, éclairée par la seule lumière des braises dans la cheminée.

Elle avait troqué sa jolie robe bleue pour sa vieille chemise élimée qui lui arrivait à mi-cuisse. L'encolure dénouée retombant sur son épaule laissait entrevoir l'ébauche d'un sein. Elle était encore plus belle que dans sa robe. Il sourit et elle grimpa sur le lit, s'assit sur ses talons, lui faisant face. Ses yeux se posèrent sur la spalière et son visage s'assombrit.

— Je ne savais pas que tu l'avais gardée...

Il reposa les yeux sur la spalière.

— Elle est à moi... Elle fait partie de moi.

Elle soupira profondément en hochant la tête.

— Tu veux parler ? demanda-t-elle.

Il secoua la tête.

— Tu veux manger quelque chose ? Tu n'as quasiment rien avalé de la journée.

Il secoua de nouveau la tête. Elle baissa les yeux sur la spalière. Finalement, elle se pencha et la prit, la posa au pied du lit.

— Et si tu me caressais moi, plutôt qu'elle...

Il sourit, amusé par sa franchise et croisa enfin son regard.

— Toujours aussi directe !

Elle s'approcha et l'enjamba, repoussant sa chemise haut sur ses cuisses et se pencha pour poser sa bouche sur la sienne. Il posa ses mains sur ses hanches et lui rendit son baiser, parce qu'il n'avait jamais su lui résister.

Pourtant, il finit par la repousser doucement.

— Pas ce soir, murmura-t-il.

Elle fit une moue que Luna arborait quand on lui disait non et il finit par éclater de rire.

— Et tu te demandes d'où notre fille tient son caractère de cochon ?

Elle roula des yeux en souriant avant de reposer sur lui un regard sérieux.

— Ces dernières semaines ont été épuisantes pour nous, et cette journée l'a été encore plus moralement. Tu ne vas pas tenir si tu ne dors pas.

Il caressa sa joue.

— Je sais, mais...

Il soupira profondément.

— Ça tourne dans ma tête.

— La nuit porte conseil, et ce n'est pas une légende.

— Et quand ton sommeil ne veut pas t'apporter l'apaisement ? Je finirai par m'endormir, je suis épuisé, mais pour l'instant, tu devrais retourner dans ta chambre et me laisser à mes tourments.

Elle écarquilla les yeux.

— Certainement pas !

Elle lui désigna le lit, aussi grand que le sien.

— Tout cet espace pour toi tout seul ? Tu n'as pas l'habitude, mi Cariño, il te faut ta femme pour te tenir chaud !

Il sourit malgré lui.

— Comme tu veux.

Il bascula sur le côté, l'entrainant avec lui, rabaissa chastement la chemise sur ses cuisses et remonta le drap et l'édredon sur eux.

Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant