Ligotés et bâillonnés, ils étaient presque suspendus à des cordes accrochées aux poutres du plafond. Chacun à un bout de la pièce, ils semblaient en piteux état, et elle devina que ses amis leur avaient déjà fait passer un mauvais quart d'heure.
Ils s'agitèrent en les voyant entrer, et elle discerna l'expression de colère sur leur visage.
Mais même ainsi, ses deux tortionnaires lui faisaient encore peur.
Elle ferma brièvement les yeux, prit une longue inspiration. Elle sentit la main d'Aramis se presser sur sa hanche et elle se reprit. Les rôles étaient inversés. C'étaient désormais eux qui étaient en son pouvoir. Elle se redressa, s'écarta d'Aramis et posa le coffret sur la table en tournant le dos aux prisonniers. Athos l'aida à ôter son manteau, puis, elle fit face à ses bourreaux, tête baissée, et retira le chapeau qui cachait une partie de son visage.
Les plaintes colériques des deux prisonniers cessèrent quand sa longue tresse rousse tomba sur son épaule. Un silence surpris, uniquement ponctué par les gouttes d'eau sur le plancher, tomba sur la pièce.
Doucement, elle releva la tête et croisa le regard du premier prisonnier. Un frisson de dégoût la parcourut tout entière. Ce regard hantait ses nuits depuis des jours. C'était le plus maigre des deux, celui qui l'avait violée en premier.
À ce moment précis, il n'avait plus rien de l'homme qui la menaçait sur le marché, qui la suivait avec un petit sourire narquois, qui lui promettait la Bastille avec jubilation.
Mais il restait l'homme qui l'avait battue et violée.
Aramis s'approcha d'elle, posa une main rassurante sur sa taille.
— Tu es la victime, il est coupable, souffla-t-il. N'oublie pas. Tu es la victime...
Elle se retourna, croisa son regard. Sourit. Dieu qu'elle aimait cet homme. Il avait compris. Il avait compris bien avant elle. Il la connaissait mieux qu'elle se connaissait.
Elle posa sa main sur sa joue, la caressa doucement.
— Je t'aime, souffla-t-elle rien que pour lui.
— Je sais...
Il semblait soulagé.
Il était soulagé.
Elle prit une longue inspiration et fit de nouveau face au prisonnier qui la fixait, les yeux exorbités, s'approcha de lui, suivit de près par Porthos.
— Viroix ? demanda-t-elle simplement.
Porthos hocha la tête.
— Enlève-lui son bâillon, s'il te plaît.
— Espèce de sale garce ! éructa l'homme quand Porthos eut obéi.
Le mousquetaire lui envoya une gifle qui le fit décoller du sol et tourner sur lui-même au bout de sa corde.
— On ne parle pas comme cela à une dame, fit le géant d'un ton doucereux.
L'homme cracha un jet de sang et Skye se détourna de lui pour s'approcher du second, auprès duquel D'Artagnan se tenait. Athos s'était assis sur une chaise bancale, observateur silencieux et calme, et Aramis s'était adossé à côté de la porte, les bras croisés, suivant d'un regard rempli d'admiration les moindres gestes de sa femme.
— Mais qu'est-ce que vous voulez, à la fin ?! hurla le prisonnier quand D'Artagnan lui ôta son bâillon.
Skye planta un regard glacial dans le sien.
— Me venger, Dampierre, murmura-t-elle.
L'homme secoua vigoureusement la tête.
— Nous n'avons fait qu'obéir, répondit-il. On nous a dit que vous ne deviez pas sortir vivante de cette cellule, c'est tout.
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Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers Toi
FanfictionQuelque chose ne tourne pas rond dans le monde de Skye. En dehors du fait qu'elle ne se sent plus chez elle au 21ᵉ siècle, en dehors du fait qu'Aramis lui manque, il y a autre chose de plus pernicieux. Quand elle comprend enfin ce qui se passe, sa d...