Louis XIII, en dehors du Louvre et de ses règles, était un homme d'une simplicité touchante. Il aimait passer du temps avec des soldats, les écouter parler de batailles, et s'éloigner des tracas de la cour et de la politique lui faisait grand bien. Il oubliait même la maladie. La seule ombre à ce tableau idyllique était rouge. Richelieu était arrivé à Fontainebleau le lendemain, dans son carrosse sur mesure, et lui tombait dessus dès qu'il rentrait au château. Le troisième jour, le souverain renvoya son ministre à Paris, lui promettant de ne pas aller chez son frère et de rentrer dès que le cerf serait tué.
Mais le cerf était un guerrier, un animal de dix ans, surement père des trois quart des daguets qui vivaient dans ces forêts. Un animal superbe qui défendit si chèrement sa peau, tuant trois chiens malgré l'absence de ses bois qui n'avait pas encore repoussé, que le Roi, admiratif, lui accorda sa grâce. Il reporta son attention sur un autre animal, une harde de sangliers qui ravageaient les terres et menaçaient les récoltes.
Puis, après huit jours, un courrier de Richelieu réclamant sa présence éteignit sa bonne humeur. Il resta deux jours de plus, juste pour rappeler à Son Éminence qui était le Roi, puis rentra à Paris.
La procession du Roi escorté de ses mousquetaires traversants Paris sous les hourras de la foule étaient un spectacle qui le réjouissait. Il était aimé de son peuple.
Il renvoya Tréville et ses mousquetaires en posant le pied dans la cour du Louvre sous l'œil de Richelieu, qui avait quitté ses bureaux pour l'attendre, visiblement contrarié d'avoir attendu trois jours de plus que nécessaire.
— Vous attendrez, Richelieu, clama le Roi en passant à côté de lui. Je vais voir la Reine, elle m'a manqué.
Richelieu cilla et Tréville ne cacha pas son sourire satisfait. Que le Roi veuille rendre visite à la Reine n'était pas une aberration. Ils ne s'entendaient pas, mais la courtoisie était de mise surtout lorsqu'il était d'excellente humeur.
Richelieu haïssait la Reine, cette espagnole infertile et qui complotait avec son frère. Que le roi la fasse passer avant lui était un camouflet.
Tréville donna congé aux hommes qui logeaient en ville et regagna la garnison avec ceux qui y vivaient, appréhendant ce qu'il allait y trouver, même s'il n'avait reçu aucun courrier alarmiste d'Athos.
Il trouva Athos et Aramis, épée à la main, échangeant quelques passes sous le regard de leurs deux amis et de quelques cadets. Les deux hommes interrompirent leur entraînement lorsqu'il descendit de cheval, abandonnant les rênes à un garçon d'écurie.
— Pas d'incident ? demanda-t-il à Athos.
— Rien, capitaine.
Tréville posa son regard sur Aramis.
— Aucun ? insista-t-il.
— Capitaine, j'ai trois amis qui ne me laissent pas le loisir de tuer ne serait-ce qu'une mouche, alors non, aucun garde rouge n'est mort depuis votre départ !
Tréville ne put s'empêcher de sourire.
— C'est pour votre bien, Aramis. La colère est mauvaise conseillère...
Aramis soupira.
— On me l'a déjà dit, merci, maugréa-t-il en s'éloignant.
Il attrapa un chiffon et nettoya sa lame.
— Et Skye ? s'enquit Tréville.
Le mousquetaire suspendit un bref instant son geste.
— Elle va mieux, grommela-t-il;
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Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers Toi
FanfictionQuelque chose ne tourne pas rond dans le monde de Skye. En dehors du fait qu'elle ne se sent plus chez elle au 21ᵉ siècle, en dehors du fait qu'Aramis lui manque, il y a autre chose de plus pernicieux. Quand elle comprend enfin ce qui se passe, sa d...