Skye tournait en rond dans l'infirmerie lorsque Aramis entra. La nuit était tombée depuis longtemps, mais elle n'avait allumé qu'une bougie. On n'entendait que la pluie frapper les volets fermés et le claquement des talons de ses bottes sur le parquet.
La veille, avec Porthos, ils étaient partis à la recherche de Viroix qu'ils avaient retrouvé là où Dampierre l'avait prédit. Le garde était sorti de la taverne peu de temps avant le jour et Aramis n'ayant aucune question à lui poser, Porthos l'avait assommé sans autre forme de procès. Ils l'avaient conduit jusqu'à la ferme en ruine où Dampierre attendait déjà, avaient pris tout de même la peine de donner à boire à Dampierre, avant que Porthos, lassé de ses insultes, ne l'assomme à son tour. Ils étaient rentrés en retard pour l'entraînement, et cette fois, Tréville avait renâclé. Ce n'est qu'au repas du midi qu'il avait prévenu Skye. Elle avait pâli en hochant la tête avant de s'enfermer dans l'infirmerie le reste de la journée.
Il observa sa tenue, pantalon en peau enfoncé dans des bottes sans doute trop grandes pour elle, une veste de cuir sombre resserrée à la taille par une ceinture et une paire de gants en cuir noir.
— Constance ? demanda-t-il simplement.
— Oui. Tu avais raison, son ex était suffisamment gras pour que je rentre dedans.
Il perçut le tremblement dans sa voix et il croisa son regard.
— Tu es sûre de vouloir...
— Arrête de me poser cette question, le coupa-t-elle sèchement. Je ne changerai pas d'avis.
Il secoua la tête en soupirant.
— Très bien. Tu as un chapeau ? Tes cheveux pourraient nous trahir.
Elle hocha la tête et prit sur le bureau un chapeau aux larges bords orné d'une plume blanche. Elle remonta sa longue tresse et la coinça sous le couvre-chef, puis leva les yeux.
— Ça va comme ça ?
Il replaça correctement le chapeau avant de hocher la tête.
— Allons-y.
— Attends.
Elle ouvrit le tiroir et en sortit le coffret qui contenait ses ustensiles médicaux. Aramis pinça les lèvres, mais ne dit mot. Ça ne lui plaisait pas. Il aurait dû occire ces deux ordures et amener leur tête à Skye, comme l'avait suggéré Constance. Elle l'aurait sans aucun doute pourri d'injures, peut-être même aurait-elle essayé de le tuer.
Mais ça... cette vengeance, c'était une pure folie.
Pourtant, il allait la lui offrir. Ce qu'elle voulait par-dessus tout, c'était affronter leur regard. Pour le reste, il la savait rancunière, obtuse et particulièrement obstinée, mais il savait aussi quelle importance elle apportait au serment d'Hippocrate. Il était persuadé qu'elle ne le transgresserait pas.
Ou du moins, presque persuadé.
Ils traversèrent la cour le plus silencieusement possible. Le départ des deux hommes n'éveilleraient pas les soupçons, celui de Skye habillée en homme, si, surtout au cœur de la nuit. Il se trouverait quelqu'un qui rapporterait la chose à Tréville, or, il ne devait en aucun cas savoir ce qui allait se passer cette nuit. Heureusement, la pluie avait chassé les hommes de la cour et ils rejoignirent les écuries sans attirer l'attention. Une lanterne était allumée devant la stalle de Satan et Athos les attendait avec deux chevaux, le sien et un alezan qui semblait dormir debout.
— Tu prendras Satan, fit Aramis. C'est le plus docile.
Elle retint son souffle.
— Je ne monte pas avec toi ?

VOUS LISEZ
Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers Toi
Fiksi PenggemarQuelque chose ne tourne pas rond dans le monde de Skye. En dehors du fait qu'elle ne se sent plus chez elle au 21ᵉ siècle, en dehors du fait qu'Aramis lui manque, il y a autre chose de plus pernicieux. Quand elle comprend enfin ce qui se passe, sa d...