Chapitre 42

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— Aramis !

Le cri d'alerte d'Athos arriva juste à temps pour sauver la vie du cadet et Aramis se figea. Pâle comme la mort, allongé dans la boue, le garçon le fixait, terrifié. Il ferma les yeux, secoua la tête et retira le bout de sa lame de la poitrine du gamin. Il s'agenouilla à ses côtés, l'aida à se redresser et écarta sa chemise.

— Ça va, fit-il en se forçant à sourire. Ce n'est qu'une égratignure, pas même de quoi avoir une cicatrice !

Il attrapa la main du cadet et le releva.

— Demain, je t'apprendrai comment parer ce coup ! File à l'infirmerie faire nettoyer ça.

— Oui, Monsieur, répondit l'élève d'une voix chevrotante.

Il se précipita vers ses amis qui n'avaient rien raté de la scène.

— L'entraînement est fini pour aujourd'hui, soupira Aramis.

— Encore un peu, et il était irrémédiablement fini pour lui ! grinça Athos en le rejoignant. Qu'est-ce qu'il t'a pris ?

Aramis fronça les sourcils en regardant le gamin se diriger vers l'infirmerie. Il avait failli le tuer. C'était un vrai miracle qu'il ne l'ait que blessé... Qu'est-ce qu'il lui était arrivé ?

— Excès de zèle ? tenta-t-il de plaisanter.

Athos le fusilla du regard.

— Aramis, tu ne vas pas faire comme Porthos et abîmer tous tes élèves. Skye risque de ne pas beaucoup apprécier.

Aramis haussa les épaules.

— Eh bien comme cela, elle devra m'adresser la parole.

Le regard d'Athos s'adoucit.

— Je croyais que vous aviez passé la nuit ensemble...

Aramis se tourna brusquement vers lui.

— Comment sais-tu ça ?

— Porthos est allé te voir hier soir. Il voulait te proposer une partie de cartes.

— Et ce gros péroreur n'a pas pu s'empêcher...

— Ce gros péroreur est ton ami, le reprit vertement Athos. Il était heureux ce matin de me dire que toi et Skye, vous vous étiez réconciliés.

Aramis soupira, se dirigea vers la table et s'assit sur le banc. Il prit un chiffon et nettoya consciencieusement la lame de son épée, en éprouva le tranchant du pouce. Athos posa une botte sur le banc à ses côtés, se pencha vers lui.

— Aramis, que se passe-t-il ? Vous ne vous êtes pas réconciliés ?

Aramis hocha doucement la tête.

— Nous n'étions pas... fâchés. Elle ne m'en veut pas de ce qui s'est passé.

— C'est une femme intelligente, je savais qu'elle finirait par le comprendre.

Aramis soupira, rangea son épée.

— Hier soir, elle m'a avoué qu'elle faisait des cauchemars, qu'elle n'arrivait plus à dormir. J'ai passé la nuit à veiller sur son sommeil, pour la calmer, la rassurer. J'ai fini par céder au sommeil au petit jour, et quand j'ai ouvert les yeux, elle n'était plus là. Je n'ai pas fermé l'œil plus de quinze minutes. C'est comme si elle n'attendait que ça...

Athos posa une main amicale sur son épaule.

— Mon ami, il y a deux jours, elle refusait que tu la touches. Tu ne crois pas qu'il y a une grande amélioration ?

Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant