2. Changement de stratégie

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C'est la sonnerie incessante qui extirpa Gabriel de son sommeil profond. Toujours affalé sur son canapé, habillé de sa chemise négligemment ouverte et froissée, ses cheveux en bataille, il sentait le poids lourd sur ses paupières et la douleur lancinante dans son crâne. Il tâtonna le tapis du salon à la recherche de la source de ce réveil brutal, sans prêter attention à la lumière du soleil qui baignait son appartement.

Quand il parvint enfin à saisir son téléphone, la sonnerie s'était tue. Il ouvrit difficilement un œil, puis l'autre. Soudain, il se redressa d'un bond. 21 appels manqués. Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il consultait frénétiquement ses notifications. Son assistante, sa chargée de presse, et même le Président avaient tenté de le joindre, en vain. Il jeta un coup d'œil à l'heure, inscrite en caractères bien trop petits en haut à droite de son écran.

« Eh merde ! » jura-t-il, le cœur battant.

Il était 10h43. Il était terriblement en retard.

Gabriel se précipita vers la salle de bain, ne prenant pas le temps d'attendre que l'eau chauffe avant de se glisser sous la douche. L'eau froide cascadait sur sa peau encore endormie, ses mèches de cheveux trempées collant à son front. Il sentit chaque muscle se réveiller sous le choc glacé, son corps frissonnant en réponse. Sortant de la douche, il s'essuya rapidement, ses mouvements négligents ajoutant une désinvolture séduisante à ses gestes. Il ébouriffa ses cheveux avec une serviette en coton, laissant une odeur envoûtante de vanille flotter dans l'air, mélangée aux notes fruitées et acidulées de son parfum.Il enfila le même costume qu'il portait depuis des mois, acheté en un nombre incalculable d'exemplaires.

Son chauffeur l'attendait déjà en bas. Gabriel ne prit même pas le temps de boire un café ou de ranger le verre de vin vide de la veille. Il s'engouffra à l'arrière de la voiture, marmonnant un "Bonjour, désolé" à peine audible à son chauffeur et à son équipe de sécurité.

Durant le trajet, il consulta rapidement son agenda de la journée. Il avait apparemment manqué une réunion avec ses attachés de presse ajoutée en début de matinée. Il dormait profondément et n'avait pas vu l'invitation, mais il savait très bien de quoi il s'agissait : le buzz de son opposant, Jordan Bardella, suite à sa vidéo calomnieuse de la veille.

À 11h, la voiture traversa enfin l'immense cour intérieure de Matignon. Gabriel leva la tête et poussa un long soupir : des dizaines de journalistes étaient là, micros brandis, caméras à l'affût, leurs questions inaudibles se bousculant dans la cour. La pression montait en lui, mais il savait qu'il devait affronter cette nouvelle tempête médiatique avec sang-froid.

Son garde du corps lui ouvrit la porte de la voiture, et Gabriel baissa la tête pour éviter le regard perçant des journalistes. Malgré ses efforts pour ignorer le tumulte, quelques questions acérées percèrent le brouhaha, alors qu'il s'avançait en direction de l'entrée du bâtiment.

"Monsieur Attal, qu'avez-vous à dire suite aux récents propos de Jordan Bardella ?"

"Monsieur Attal, que répondez-vous à votre opposant ?"

"Monsieur le Premier Ministre, est-ce vrai que vous vous désintéressez des Français ?"

Cette dernière question fit bouillir son sang. Lui, qui sacrifierait son corps, sa santé, et tout son temps pour la République, était accusé de désintérêt. Sa colère monta en flèche. Il tourna brusquement la tête, ses yeux flamboyants de détermination, et se pencha vers le premier micro qu'il trouva. Sans réfléchir, il lança :

"Monsieur Bardella n'a aucune considération pour les Français. Il cherche à créer un buzz lors de l'une des rares fois où il daigne se rendre aux débats. Sa démarche n'est rien d'autre qu'une tentative désespérée de reprendre sa carrière d'influenceur raté sur YouTube."

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant