11. Sentiments interdits

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Musique conseillée pour tout le chapitre : "Nightcall" - Kavinsky

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Il était 2h30 du matin, Jordan était affalé sur son divan, plongé dans la semi-obscurité de son appartement, un verre de scotch à la main. Il savourait occasionnellement une gorgée du liquide ambré. Contrairement à certains de ses collègues, il n'était pas un buveur régulier et n'avait jamais été en proie à des dépendances. Ses pensées dérivèrent vers Gabriel. Bien qu'il n'ait pas une haute opinion de ses idées, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe d'inquiétude. Son cœur se serra légèrement lorsqu'il envisagea la direction que prenait son adversaire. Il ne pouvait qu'imaginer la charge dévastatrice des responsabilités qui pesaient sur lui.

Devrait-il en parler à quelqu'un ? Cependant, il craignait que la moindre fuite d'information ne précipite davantage le Premier Ministre dans l'adversité. Il prendrait le temps de lui parler lundi, à son retour au bureau.

Soudain, son téléphone professionnel vibra, le tirant instantanément de ses pensées. C'était Gabriel. Il décolla son dos du canapé, surpris. Il se souvint que les numéros de tous les hauts fonctionnaires étaient enregistrés dans ces téléphones, en cas de crise urgente.

Intrigué, il ouvrit le message qui était accompagné d'une pièce jointe : une photo de Gabriel, souriant et euphorique, sa chemise négligemment défaite et tachée, dans une pièce baignée de tons bordeaux et de lumières tamisées. Le message bref disait simplement :

« Si c'est ma place de Premier Ministre que vous voulez, prenez-là, et je vous souhaite bien du courage Bardella. »

Jordan, d'abord surpris par le message, ressentit une vague de chaleur étrange lui traverser le corps. Qu'est-ce que Jordan voulait dire ? Et puis, pourquoi Gabriel lui envoyait-il un message au beau milieu de la nuit ? Gabriel semblait presque séduisant, mais ses yeux renvoyaient quelque chose de différent, même à travers la lumière tamisée qui se reflétait dans le regard de Jordan. En zoomant sur les yeux de Gabriel, il remarqua des cernes marquées. Ses yeux, d'ordinaire si vifs et perçants, paraissaient étrangement ternes et moins lumineux que ceux dans lesquels Jordan avait l'habitude de se plonger.

« Putain mais il est complètement défoncé ! » lança Jordan dans la silence de son appartement vide, comme s'il cherchait une confirmation extérieure.

Dans un geste impulsif, il se leva du canapé, abandonnant son verre de scotch encore plein. Il tenta à plusieurs reprises d'appeler Gabriel, mais chaque appel restait sans réponse.

Marchant nerveusement dans son salon, il cherchait des réponses à une multitude de questions qui lui traversaient l'esprit ; il ne savait pas ce qu'il se passait mais s'en était trop ; il devait agir. Il repensait au débat, à ses changements d'humeur et de personnalité, à son café alcoolisé, à la flasque, et à la photo qu'il venait de recevoir. Tous les signes étaient là, il devait agir, sans en attendre un de plus. La situation était trop sérieuse pour être ignorée ; il devait alerter quelqu'un.

Il s'efforça malgré tout de se concentrer, tentant de trouver une solution. Le Premier Ministre était défoncé au beau milieu de la nuit, il ne savait même pas où ni avec qui. Il devait être discret, craignant que ces agissements ne soient révélés. Il ne pouvait pas appeler Marine, Jordan savait qu'elle serait bien trop heureuse de retourner ce bazar à son avantage.

Soudain, une idée lui vint à l'esprit. Dans son vaste répertoire de contacts professionnels, il composa le numéro de Valéry. Il savait qu'elle était proche de Gabriel et espérait qu'elle pourrait lui venir en aide. En plus, elle saurait comment agir, et elle ne prendrait jamais le risque de mettre en péril son parti et encore moins Gabriel.

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant