8. Médias et petits fours

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"Le débat a eu de fortes retombées médiatiques, on remonte encore dans les sondages, c'est très bien."

Marine, assise sur la chaise faisant face à Jordan, le félicitait pour le débat de la veille, un large sourire sur ses lèvres. Camille, assise sur la chaise adjacente, sa tablette dans les mains, ajouta :

"Écoute, il y a eu beaucoup de retombées, également sur les réseaux. Les éditos sur ta fausse relation avec le Premier Ministre font le buzz. Tout le monde y croit !"

Camille était rayonnante, un large sourire de félicitations et d'encouragements se dessinant sur ses lèvres.

Jordan lui rendit son sourire, acquiesçant d'un signe de tête. Il était satisfait d'avoir rempli sa mission. Il plaçait toujours ses obligations politiques avant tout le reste. Marine reprit la parole :

"C'est très bon ce qu'il se passe. Il faut continuer sur cette lancée. Les médias sont à l'affut. Ils seront d'ailleurs présents ce midi, au déjeuner pour l'accueil. Ils voudront en savoir plus sur les retombées du débat dans les deux camps. Si tu as une déclaration à faire, ce sera le bon moment. Ne te retiens pas, Jordan. Aussi, il faut que tu travailles ta prochaine intervention. On a marqué des points, mais ce n'est certainement pas terminé."

Jordan, pensif, se contenta de remercier Marine et son assistante pour leurs encouragements et leurs retours positifs. Finalement, après quelques échanges d'encouragements pour la campagne, elles décidèrent de quitter son bureau, le laissant seul avec ses pensées troublées.

Jordan repensait à la confrontation qu'il avait eue avec Gabriel dans sa loge la veille, et au coup dur que cela porterai à la campagne du camp adverse. Il savait qu'il prendrait une avance considérable avec de telles révélations. Malgré la menace que son adversaire lui avait lancée ce matin, en guise de défense, il savait que sa déclaration, surtout s'il attaquait en premier, aurait bien plus d'impact, celle de Gabriel passant pour une tentative désespérée de défense peu convaincante. Les images de son altercation avec Gabriel Attal revenaient en boucle. Il ressentait un mélange de culpabilité et de regret. La colère qui l'avait submergé la veille le hantait et ne lui ressemblait pas. Il n'aurait pas dû se rendre dans la loge de Gabriel.

Un nouveau dilemme ressurgit en lui : il avait décidé d'accepter la stratégie de Marine, utilisant les émotions de Gabriel contre son gré. Serait-il capable de l'humilier devant la presse alors qu'il était lui-même l'auteur de cette altercation ? Il se demandait si tout cela en valait vraiment la peine. La politique était un jeu cruel, mais il n'avait jamais pensé qu'il en arriverait à ce point de non-retour.

Il prit une profonde inspiration, essayant de chasser ses pensées négatives. La campagne devait continuer, et il devait rester concentré. Jordan ressentait une lourdeur dans la poitrine, un poids de responsabilité qui semblait le tirer vers le bas. La satisfaction initiale de son succès se mêlait à une angoisse croissante. Était-il encore sur le bon chemin ? Avait-il trahi ses propres valeurs en s'engageant dans cette guerre médiatique ?

Il décida d'analyser par lui-même les moments forts du débat. Il ouvrit son ordinateur, et lança le replay de l'émission de la veille. La voix de Gabriel résonnait dans les enceintes de son ordinateur.

"Mais, Monsieur Bardella, votre politique, c'est un Banco ! Vous faites de belles promesses, mais quand on gratte, il n'y a rien derrière !"

Un rire étouffé échappa à Jordan. La répartie dont avait fait preuve le Premier Ministre la veille l'amusait presque autant qu'elle l'irritait. Rapidement, alors que les images de la vidéo défilaient sous ses yeux, il sentit les émotions de la veille remonter en lui avec une intensité troublante. En tentant d'analyser les comportements de son adversaire, cherchant la moindre faille, il se retrouvait submergé par les sensations qu'il avait éprouvées durant le débat. Plus il se concentrait, plus ces souvenirs revenaient avec une force quasi palpable : le défi dans les yeux de Gabriel, ses sourires méprisants, ses piques mordantes,  la tension électrique de la confrontation, la chaleur qui montait en lui, tout revenait en un tourbillon de sentiments contradictoires.

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant