13. Duel en col blanc

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Musiques conseillées : Older - Isabel LaRosa puis LoveGame - Lady Gaga

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Gabriel était dans sa chambre, s'activant frénétiquement à la recherche de vêtements à mettre dans sa valise. Il n'avait jamais été doué pour préparer ses bagages, toujours incertain de ce qu'il devait emporter. Résultat, il entassait toutes sortes d'objets qu'il jugeait indispensables, mais finissait par les ramener sans même les avoir utilisés. Sa chambre ressemblait à un champ de bataille : les commodes et placards étaient ouverts, et des vêtements couvraient presque entièrement le lit.

Il devait se dépêcher, car il se rendait à Lyon pour un grand rassemblement politique axé sur les questions du travail et de l'emploi. Cette perspective l'enthousiasmait, car parmi tous les aspects de son métier, c'étaient les rencontres avec les Français qu'il préférait. Il aimait échanger, plonger au cœur des problématiques des gens qu'il devait représenter. Depuis sa nomination au poste de Premier Ministre, ces rencontres s'étaient raréfiées à cause des lourdeurs administratives et de l'épaisse pile de dossiers à traiter.

Plusieurs jours avaient passé, et Gabriel se sentait revivre un peu plus à chacun d'entre eux. Il n'avait pas ressenti de manque, n'avait pas fait de nuit blanche à ruminer des pensées sombres, ni de crise d'angoisse. Cette constatation fit naître un large sourire de fierté sur son visage. Il était fier de ce qu'il accomplissait et heureux de porter ses convictions avec tant de légèreté. Cet événement politique serait sa dernière grosse intervention publique avant les élections de dimanche ; il n'avait pas le droit à l'erreur, mais il était confiant. Il partait le cœur et l'esprit légers, serein. Il avait confié ses tâches de gestion courante à Valéry, qui ne l'accompagnerait pas cette fois-ci. En pensant à elle, il attrapa son téléphone et composa son numéro. Comme à son habitude, elle décrocha après une seule sonnerie :

« Assistante de Monsieur Attal, Valéry, j'écoute. »

« Mais... Valou, regarde ton téléphone, c'est moi. »

« Ah, Gab ! Comment tu vas ? » Sa voix était étonnamment énergique.

« Ça va, merci. Et toi, tu tiens le coup ? Je sais que la charge de travail que je te laisse est... » Gabriel s'arrêta, interrompu par la voix de son amie. Il connaissait ce ton, celui qui voulait dire : « Écoutez-moi bien, bande de petits merdeux. »

« Non, non, non et non ! Je vous ai dit de revoir tout le plan d'action, là c'est juste pas possible ! Excuse-moi, Gab, tu disais ? »

« Aïe... » pensa-t-il. Il n'aimerait vraiment pas travailler sous les ordres de Valéry, même pour deux jours. Elle était trop énergique, trop minutieuse, trop autoritaire. Elle scrutait, analysait chaque aspect et chaque détail de toutes les tâches qu'elle confiait, et dirigeait son équipe d'une main de fer. Gabriel esquissa un sourire. Quelque part, il se disait qu'elle aurait été capable de diriger tout le pays à elle seule.

Il reprit, d'une voix douce teintée d'une pointe d'amusement :

« Écoute, Valéry, essaie de ne pas malmener mes équipes en mon absence. Je n'ai vraiment pas besoin d'arrêts maladie pour burn-out en ce moment. Je t'appelais pour t'informer que je t'ai laissé une liste des tâches les plus importantes... »

Elle le coupa net : « Sur ton bureau, à droite de la lampe, sous le presse-papier noir, je sais, merci. Ne me dis pas que tu m'appelles juste pour ça ? »

« Non, c'était juste pour te dire que j'avais un rendez-vous important avec... »

Elle le stoppa à nouveau, sa voix trahissant une pointe d'agacement et une énergie débordante :

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant