15. Stratégie offensive

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🎶 Musique conseillée : You Should See Me in a Crown - Billie Eilish (tout le chapitre ahah)

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Les murs blancs de l'hémicycle semblaient peser sur Jordan comme une chape de plomb. La lumière crue des projecteurs accentuait la fatigue sur son visage, ses cernes marquant la longue nuit passée à ruminer. Les débats s'éternisaient, les prises de parole se succédaient, mais tout cela lui paraissait lointain, presque irréel. Les voix des orateurs résonnaient comme un bourdonnement indistinct, noyées dans l'agitation des centaines de députés, chacun captivé par l'urgence des enjeux. Jordan, quant à lui, n'était plus vraiment là. Son esprit vagabondait, distrait, incapable de se focaliser sur autre chose que l'ombre oppressante de Stéphane Séjourné.

Toute la journée, leurs regards s'étaient croisés à travers l'hémicycle, dans un ballet silencieux de défi et de rancœur. Chaque échange de regards était chargé de sous-entendus, une guerre psychologique qui se jouait en toute discrétion parmi les travées du Parlement européen. Stéphane, assis plusieurs rangées plus loin, semblait absorbé par ses dossiers, mais Jordan pouvait sentir le poids de sa présence, comme un spectre omniprésent, prêt à frapper à tout moment. Ce duel silencieux, ce jeu de regards hostiles, ravivait en lui une rage sourde, une colère contenue qu'il peinait à dissimuler.

Ses pensées dérivaient, sombres et violentes. Il aurait voulu se lever, traverser la distance qui les séparait, et écraser son poing sur ce visage insolent qui le narguait. L'idée de voir le sang de Stéphane couler sur ses mains lui paraissait presque satisfaisante.

Mais c'était trop tard, et cela n'aurait rien résolu. Il devait rester concentré, garder la tête froide. Les conséquences d'une telle impulsivité auraient été désastreuses, et Jordan le savait. Il devait se maîtriser, contrôler cette tempête intérieure qui menaçait de tout emporter.

Soudain, une notification apparut sur l'écran de son ordinateur, le tirant de sa contemplation assassine. Un e-mail venait d'arriver, interrompant le fil de ses pensées. Il ouvrit le message, reconnaissant immédiatement l'adresse de son assistant juridique. L'objet du mail était simple, direct : « Contrat en pièce jointe. » et le message qui l'accompagnait l'était tout autant :

« Voici le contrat que vous m'avez demandé, » disait le message. « Je reste convaincu que c'est une mauvaise idée. Nous sommes vraiment sur le fil rouge de la légalité avec ce genre de clauses. Si cela va trop loin, je devrais en parler à Madame Lepen. J'espère que vous savez ce que vous faites. »

Jordan sentit son cœur accélérer légèrement, une anticipation fébrile prenant le dessus sur son agitation. Il cliqua sur la pièce jointe et parcourut rapidement les premières lignes du document. Il esquissa un sourire froid, ses yeux se plissant légèrement.

Bien sûr qu'il savait ce qu'il faisait.

Chaque mot, chaque clause avait été soigneusement pensé, calibré pour frôler la ligne sans jamais la franchir complètement. C'était un jeu dangereux, certes, mais nécessaire. Il baissa la luminosité de son écran, jetant un coup d'œil furtif autour de lui. Il ne pouvait pas se permettre que quelqu'un d'autre voie ce document. Une vingtaine de pages se déployèrent devant ses yeux, bourrées de jargon juridique et de subtilités contractuelles. Jordan prit le temps de lire attentivement chaque paragraphe, son esprit acéré décortiquant chaque détail, chaque sous-entendu.

C'était parfait. Presque illégal, sans franchir la limite fatidique. Le document répondait exactement à ce qu'il attendait. Il sentit une satisfaction glacée l'envahir, une étrange euphorie née de la certitude d'avoir enfin les cartes en main. Sans perdre une seconde, il tapa une réponse rapide à son assistant juridique, ses doigts dansant frénétiquement sur le clavier.

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant