3. Dilemme et conscience

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Plus tôt dans la même matinée...

Jordan arrivait très tôt à son bureau ce matin-là, un sourire plus large qu'à l'accoutumée éclairant son visage lisse. Un sentiment de satisfaction malsaine l'avait envahi depuis son dernier buzz sur les réseaux. Il savourait d'autant plus cette victoire qu'elle visait personnellement son principal adversaire.

Entrant dans son bureau, il se sentait comblé. Il se mit immédiatement au travail, affûtant ses armes pour le débat de demain. Il avait prévu une séance d'entraînement avec un représentant de son parti, un imitateur parfait du Premier Ministre, capable de reproduire le calme et la passivité caractéristiques de Gabriel. Pour Jordan, c'était un jeu d'enfant. Il était né pour ce genre de confrontation. Sa stratégie reposait sur la déstabilisation. Il savait qu'en faisant perdre ses moyens à Attal, il gagnerait en visibilité sur les réseaux tout en discréditant son adversaire.

L'image trop lisse de Gabriel l'agaçait légèrement. Il aurait préféré un adversaire offrant plus de défi dans leurs échanges. Mais le véritable défi était ailleurs : il devait aussi être irréprochable sur le fond. Même si le manque de provocation de Gabriel l'ennuyait, Jordan reconnaissait que cette qualité faisait partie des atouts principaux du Premier Ministre pour conquérir les électeurs plus âgés, peu intéressés par les punchlines qui faisaient son propre succès sur les réseaux. Jordan savait qu'il devait jongler avec habileté entre les deux pour ne pas perdre en crédibilité auprès des plus âgés.

Il lança une nouvelle vidéo sur YouTube, reprenant d'anciens débats et discours de Gabriel, analysant chaque détail : ses tics de langage, son sourire charmeur qui avait su conquérir les Français, son langage, ses gestes, son langage corporel... Tous les aspects de son image étaient passés au peigne fin. Cela le mettait hors de lui. Il ne supportait plus d'entendre cette voix douce et chaleureuse débiter des idées si opposées aux siennes. Alors que la vidéo résonnait dans son bureau désert, quelqu'un frappa à la porte, le tirant brutalement de ses préparatifs qui duraient maintenant depuis plusieurs heures.

"Entrez."

La porte s'ouvrit et Marine entra dans la pièce, un large sourire illuminant son visage ridé. Jordan se leva de son fauteuil et l'accueillit chaleureusement.

"Félicitations, Jordan ! Belle performance médiatique encore une fois ! Tout le monde n'arrête pas d'en parler ! Les journalistes attendent Attal de pied ferme ce matin !"

Jordan rit franchement et la remercia d'un signe de tête, mais son sourire se figea quand Marine aborda un sujet plus périlleux.

"Tu sais qu'Attal est gay. Et si on pouvait retourner cela à notre avantage ?"

"Pardon ?!" s'indigna Jordan, ses yeux étincelant d'un éclat glacial. "Et mon image dans tout ça ? Quelle est cette idée absurde ?"

Marine poursuivit, sans se démonter : 

"Je veux que tu continues à le provoquer. Ta façon de manier les mots devrait suffire. Je veux semer le doute dans son esprit. Ce n'est pas notre image que nous allons dégrader, mais la sienne." 

Elle ajouta, un sourire cruel se dessinant sur ses lèvres : 

"Imagine les gros titres : Gabriel Attal, succombant au charme du jeune Président du Rassemblement National. Quel scandale retentissant ce serait !"

Jordan resta immobile, absorbé par le dilemme moral qui tourmentait son esprit. Le plan de Marine était d'une froide efficacité, une stratégie de déstabilisation qui promettait de semer le chaos médiatique et politique. Pourtant, au fond de lui, une voix insistante murmurait que cela franchissait une ligne morale qu'il n'était pas sûr de vouloir traverser.

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant