🎶 Musique conseillée : House of Memories - Panic! At The Disco
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La presse s'était massée dans la petite salle communale, les caméras et les appareils photo prêts à capturer chaque instant du vote de Jordan. Lorsque le président de la séance annonça d'une voix forte « A voté ! », Jordan afficha un large sourire, parfaitement travaillé et maîtrisé, destiné aux journalistes. Il quitta ensuite la salle sans dire un mot, conscient qu'il n'avait rien à dire.
Ce matin-là, en se levant, Jordan avait senti une lourdeur peser sur ses épaules. Il avait traîné des pieds jusqu'à la salle de bain, espérant que l'eau froide du lavabo puisse chasser le poids de ses pensées. En levant les yeux, il avait brièvement croisé son propre regard dans le miroir. Les cernes sous ses yeux étaient plus marquées que d'habitude, témoignant de la nuit agitée qu'il avait passée, tourmenté par des rêves troublants et des souvenirs amers. Il n'avait pas pu soutenir ce regard plus de quelques secondes avant de détourner les yeux, comme s'il se confrontait à une version de lui-même qu'il ne reconnaissait plus.
Il était rongé par la culpabilité de ce qu'il avait fait la veille. Les mots de Gabriel résonnaient encore dans son esprit, comme une litanie incessante : "Tu es un manipulateur égocentrique." Ces paroles avaient été prononcées avec une telle conviction, une telle douleur dans la voix de Gabriel, qu'elles l'avaient transpercé de part en part. Jordan s'en voulait terriblement d'avoir entraîné Gabriel dans ce tourbillon infernal. Il aurait dû se battre davantage, courir après lui pour lui expliquer, le forcer à avoir une discussion honnête. Mais la peur et l'orgueil l'avaient retenu, le laissant paralysé dans ses incertitudes.
Il avait profondément impacté le comportement de Gabriel, le changeant irrémédiablement. Certes, Jordan avait trouvé une excitation, un désir immense dans cette nouvelle personnalité qu'abordait Gabriel. Il y avait une aura de danger et de rébellion qui l'attirait irrésistiblement. Bien sûr qu'il le trouvait séduisant, que la désinvolture de ses actions débridées animait en lui une flamme brûlante de désir. Mais au milieu de tout cela, la douceur et la sensibilité de Gabriel lui manquaient cruellement. Ces moments où Gabriel le regardait avec des yeux pleins de tendresse et d'amour semblaient désormais appartenir à un passé lointain, presque irréel.
Assis à l'arrière de la voiture officielle, Jordan faisait défiler son fil Instagram sans grande attention. La voiture avançait lentement dans le trafic dense de la ville, les klaxons résonnaient autour de lui. Soudain, une notification attira son attention : Gabriel Attal avait aimé sa photo. Il cliqua sur la notification et découvrit que la photo aimée par Gabriel était celle du bureau de vote, prise quelques minutes plus tôt. Puis, quelques instants après, une notification s'afficha dans ses messages privés.
« Bonne chance pour ces élections. »
Jordan, perplexe, attendait une suite, une remarque cinglante, une pique, mais rien n'arriva. Il décida de répondre :
« Merci, à vous aussi. Pas de provocation acerbe aujourd'hui ? »
Il resta les yeux rivés sur son téléphone, attendant impatiemment une réponse qui ne tarda pas à arriver :
« Merci. Non, juste bonne chance. Je sais à quel point ces journées sont stressantes. Même si j'ai toujours espoir de prendre ma revanche sur les européennes. »
Un large sourire, atteignant presque ses oreilles, se dessina sur le visage de Jordan. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Gabriel l'avait contacté et encore moins pourquoi il semblait tout à coup beaucoup plus calme, mais ce simple message avait suffi à lui redonner le sourire. Il tapa sur le clavier de son téléphone :
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[Bardella x Attal] À leur propre jeu
FanfictionDeux hommes politiques se trouvent pris dans un tourbillon de scandales et de manigances politiques. Parviendront-ils à résister à leurs propres jeux de pouvoir ?