21. Âmes vagabondes

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Musique suggérée (c'est une obligation) : Dynasty - MIIA

Par pitié, écouteurs, musique à fond et en boucle 🙏🏻

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Ce soir-là, Jordan rentrait chez lui le cœur lourd, comme alourdi par un fardeau invisible. L'absence de nouvelles de Gabriel durant toute la journée l'avait angoissé. Il avait envoyé plusieurs messages, mais aucun n'avait reçu de réponse. Alors que la Mercedes avançait lentement dans les rues sombres menant à son appartement, Jordan tentait de se convaincre que Gabriel était simplement submergé de travail. Lui-même rentrait épuisé, chaque minute passée au bureau l'ayant vidé de son énergie. La nuit était déjà tombée, et l'obscurité envahissante semblait peser sur son moral, accentuant ses cernes déjà marquées. Pourtant, un pressentiment le hantait, une inquiétude sourde, une intuition que quelque chose de grave se préparait.

Victor, son chauffeur, ralentit devant la résidence de Jordan, rompant momentanément le flot de ses pensées anxieuses. Jordan le salua distraitement avant de sortir de la voiture. Il monta les trois étages de son immeuble, fouillant ses poches à la recherche de ses clés. Les trouvant enfin, il les inséra dans la serrure et ouvrit la porte de son appartement. Aussitôt, il ressentit la froideur et la solitude des lieux l'envahir comme une marée glaciale. Il déposa sa veste soigneusement sur le porte-manteau, retira ses chaussures, et desserra sa cravate d'un geste automatique.

Dans la pénombre, il se dirigea vers le bar du séjour, son téléphone à la main, composant le numéro de Gabriel. Il sortit un verre et versa une petite quantité de whisky, espérant que l'alcool apaiserait son angoisse grandissante. Son cœur s'arrêta de battre lorsqu'il entendit une sonnerie résonner dans l'obscurité du salon. C'était celle de Gabriel.

Le regard de Jordan se leva, son estomac se nouant. Une silhouette assise dans le fauteuil en cuir noir près de la fenêtre attira son attention. Il alluma prudemment la petite lampe d'appoint, révélant Gabriel, immobile, une bouteille de gin presque vide à la main.

« Oh purée, tu m'as fait peur ! » souffla Jordan, un soupir de soulagement mêlé d'anxiété dans la voix.

Mais l'appartement resta silencieux. Gabriel était là, le regard perdu, les traits durs, figé. La bouteille de gin reposait lourdement sur sa cuisse. Il leva lentement ses yeux rougis et éteints vers Jordan. Son visage était métamorphosé : des cernes profondes soulignaient son regard livide, son teint était d'une pâleur inquiétante, ses yeux embués par l'alcool.

« Gabriel, est-ce que ça va ? » demanda Jordan, sa voix trahissant son inquiétude, ses yeux glissant vers la bouteille de gin.

Toujours aucun mot. Gabriel, les yeux vacillants sous l'effet de l'alcool, fixait Jordan qui restait immobile derrière le bar. La faible lueur de la lampe d'appoint éclairait à peine sa silhouette. Jordan restait figé, sentant la pesanteur de l'instant l'écraser. Le pressentiment qu'il avait ressenti dans la voiture devenait insoutenable.

Finalement, Gabriel brisa le silence, sa voix déformée par l'alcool, rauque et désespérée :

« Jordan... »

Jordan sentit un poids immense s'abattre sur lui à l'instant où Gabriel lui demanda, la voix tremblante de rage et de douleur :

« Une seule question... Est-ce que tu as utilisé ma sexualité pour me déconcentrer des élections ? »

La pièce semblait soudain trop petite, l'air trop épais. Le silence s'étirait, lourd et étouffant. Les yeux de Jordan s'écarquillèrent d'incrédulité, tandis que son cœur se serrait dans sa poitrine. Gabriel avait découvert la vérité, cette stratégie perfide suggérée par Marine Le Pen. Comment avait-il su ? Jordan se sentait pris au piège, incapable de répondre, chaque seconde de silence exacerbant la tension palpable entre eux.

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant