19. Une bulle, un retour en arrière

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🎶 Musique conseillée : Reflections - The Neighbourhoods

Bonne lecture !



Flashback

Il y a quelques semaines, lorsque Jordan et Valéry allaient récupérer Gabriel au Loft...

La voiture arriva devant l'appartement du Premier Ministre, ramenant Jordan à la réalité tout en scellant sa promesse intérieure.

« Je vais l'aider à se coucher, Valéry. Rentrez chez vous. Je resterai avec lui au cas où. Je dormirai sur le canapé, » dit-il d'une voix douce, la fatigue transparaissant dans son ton.

Valéry, épuisée par les événements, acquiesça. Une relation de confiance, fondée sur l'amour qu'ils portaient tous deux à Gabriel, était née ce soir-là.

Elle répondit simplement :

« Je passerai demain matin. Merci. Merci infiniment, Jordan. Je suis désolée. »

Jordan comprenait parfaitement à quoi elle faisait référence. Il acquiesça tristement, incapable d'ajouter quoi que ce soit.

« Victor, ramenez Valéry chez elle. Merci pour tout, » ajouta-t-il.

Valéry monta dans le SUV, ses gestes précis mais empreints de lassitude. Jordan observa la voiture s'éloigner, le poids de Gabriel reposant lourdement sur son épaule.

Le silence dans la voiture était épais, presque palpable, alors que son regards se perdait dans le décor nocturne de Paris, endormie sous un ciel parsemé d'étoiles voilées par les nuages. Quelques passants déambulaient, figures fantomatiques éclairées par la lueur vacillante des réverbères. Des âmes vagabondes, indifférentes, inconscientes des tourments qui rongeaient d'autres cœurs en cette nuit.

Valéry restait là, figée dans sa contemplation silencieuse, mais au fond d'elle, une amertume grandissait. Une haine sourde, irrationnelle, envers ces gens, ces inconnus pour qui, dans son esprit tourmenté, la vie semblait simple, évidente. Elle savait bien que ce n'était qu'une illusion, que chaque vie portait son lot de douleurs et de combats. Mais malgré tout, elle en venait à les détester, ces critiques acerbes, ces voix qui s'élevaient contre la classe politique avec une virulence insupportable.

Ils ignoraient tout de ce que cela coûtait, du poids de la pression incessante qui écrasait Gabriel, le rongeait de l'intérieur jusqu'à l'évidence de cette nuit, où elle avait dû une fois de plus le ramasser dans un état lamentable, ivre, drogué, brisé. Elle détestait cette société implacable qui exigeait tant de ceux qui tentaient de la gouverner, sans jamais comprendre le prix qu'ils payaient, sans voir comment cela les réduisait à l'état d'épaves, errant dans les méandres de leurs propres démons.

« Pourriez-vous me redonner votre adresse, s'il vous plaît, Madame ? » demanda Victor, avec une pointe d'hésitation dans la voix. Il n'avait pas envie de troubler le flot de pensées de Valéry, mais son téléphone, désormais à court de batterie, l'avait privé du SMS où Jordan lui avait indiqué l'adresse à l'aller.

«  Pardon ?  » Valéry leva un regard absent vers lui, n'ayant saisi qu'un murmure indistinct dans l'habitacle.

Victor répéta, toujours avec cette voix calme et mesurée : «  Votre adresse, s'il vous plaît, Madame.  »

Valéry battit des paupières, tentant de ramener son esprit errant à la réalité. «  Oui, bien sûr... la voici. Mais, ne m'appelez pas 'Madame'. Ça fait... vieille.  »

«  Vous n'êtes pas vieille, Madame,  » répondit doucement Victor, un sourire discret se dessinant sur ses lèvres. Un sourire qui se voulait rassurant, mais qui fit seulement pousser un soupir bruyant à Valéry.

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant