6. (É)loges

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Gabriel avait traversé les couloirs du studio à toute allure, desserrant sa cravate et libérant quelques boutons de sa chemise. Il claqua violemment la porte de sa loge, sous le regard interrogateur, peut-être mêlé à une pointe d'inquiétude, de Valéry, qui avait reçu l'ordre de ne pas le suivre. Il resta quelques instants, le dos contre la porte, les yeux fermés, tentant de reprendre ses esprits. Quand son souffle devint légèrement plus régulier, il se dirigea vers le lavabo et aspergea frénétiquement son visage d'eau froide, laissant tomber de l'eau sur le sol et sur sa chemise. Les effets du gin commençaient à se dissiper, ses pensées s'alignant avec plus de clarté. Que s'était-il passé, à lui et à Jordan ? Il n'était pas certain de ce qui s'était produit, accusant le fruit de son imagination, l'alcool et le stress de lui avoir provoqué des hallucinations et des réactions corporelles exacerbées.

On toqua frénétiquement à sa porte.

« Entre, Valéry, c'est bon. »

La porte s'ouvrit. Gabriel, faisant face au mur opposé, ne remarqua pas la présence de Jordan dans l'encadrement. La porte se referma dans un claquement sourd. Toujours dos à la porte, Gabriel lança, d'une voix pleine d'interrogations et de détresse :

« Mais bordel, Valéry, tu peux me dire ce qui s'est passé sur ce plateau ?! »

Jordan, la colère toujours palpable, répondit :

« Je ne sais pas, Attal, à vous de me le dire ! »

Le sang de Gabriel se glaça instantanément. Figé, une vague glaciale parcourut son corps, ses jambes devenant fébriles et ses mains tremblantes. Il trouva la force de se retourner lentement, les yeux écarquillés, la bouche béante, priant que son esprit lui jouait encore un mauvais tour. Il n'en était rien.

Jordan se tenait là, droit et impassible, face à Gabriel. Sa respiration était haletante de colère et d'autres émotions puissantes qu'il n'arrivait pas à identifier. Jordan fixait Gabriel, ce dernier incapable de soutenir son regard, les yeux légèrement à côté, refusant de les baisser. Il balbutia :

« Mon-Monsieur Bardella, que faites-vous dans ma... loge ? »

« Vous semblez beaucoup moins flamboyant une fois les caméras éteintes. » répondit Jordan, avançant d'un pas vers Gabriel.

Un léger sourire en coin se dessina sur les lèvres de Jordan, malgré la colère qu'il ressentait en cet instant.

Gabriel recula d'un pas, essayant de reprendre ses esprits. Des gouttes d'eau glacée dégoulinaient de son visage jusque dans son cou, continuant leur course délicate sous sa chemise. Ses cheveux plaqués sur son front, il était trempé.

Jordan, n'ayant toujours pas reçu de réponse, avança encore d'un pas et ajouta, d'une voix plus basse et plus grave qu'à son habitude :

« Quelle était cette nouvelle attitude que vous avez adoptée sur le plateau, Attal ? Vous vous êtes comporté comme un enfant. C'était pathétique, vraiment. Vous pensiez que ces attaques puériles allaient vous donner l'avantage ? »

Gabriel retrouva un semblant de courage, sans doute initié par les dernières vapeurs d'alcool qui s'échappaient de son corps, et répliqua sèchement :

« Vous n'aviez, comme d'habitude, aucun argument. Vous avez perdu vos moyens, je vous ai dominé pendant tout le débat, Bardella. » Un sourire forcé s'étirait au coin de ses lèvres. Il savait que c'était faux. Il avait mené la danse une bonne partie du débat, mais avait perdu tous ses moyens à la fin, lorsque Jordan avait répliqué avec la même violence que lui.

Jordan avança encore, la rage qui l'avait conduit jusqu'ici s'intensifiant à chaque mot de son adversaire. Son sourire s'élargit et ses yeux s'assombrirent davantage lorsque le dos de Gabriel heurta le mur. Sans échappatoire, Jordan termina sa course proche de Gabriel, posant une main sur le mur à côté de son visage, scellant sa cage. La respiration de Gabriel s'intensifia ; il avait peur, mais pas de Jordan. Il avait peur de lui-même. Rien de ce qu'il ressentait en cet instant ne lui ressemblait. Pendant un instant, il eut envie de sauter au cou de son opposant, de lui infliger des coups puissants pour faire taire cette torture qui le consumait. Mais il resta figé, laissant Jordan approcher délicatement ses lèvres de son oreille. D'une voix suave, Jordan murmura :

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant