16. Paradoxe et paroxysme

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Musiques conseillée : 

Can You Feel My Heart - Bring Me The Horizon Threats of Romance - Marilyn Manson

Il n'y a pas vraiment d'ordre, les deux vont bien je trouve ahah

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Bonne lecture !

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Jordan était rentré tôt ce matin-là de Strasbourg, après une nuit mouvementée. La fatigue causée par les tourbillons incessants manœuvres politiques marquait ses traits, et il aspirait à ce que toute cette agitation prenne enfin fin. Assis dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, il écoutait d'une oreille distraite les débats houleux et répétitifs qui l'entouraient. Bloqué pendant deux jours dans l'hémicycle du Parlement européen, il s'était maintenant retrouvé enfermé ici, pour une dernière session interminable.

De sa place, tout à droite de la salle, il observait l'immensité des sièges qui s'étendaient devant lui. Alors que la salle se vidait peu à peu, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pouvoir qu'il pourrait exercer si toutes ces personnes, alignées de son siège jusqu'au centre, se ralliaient à ses idées. La perspective était vertigineuse. Il se laissa imprégner de cette sensation enivrante qui parcourait les fibres de son corps. Il se sentait puissant, tellement.

Pourtant, rien n'était encore gagné pour le moment.

Gabriel était assis au centre de la salle, à l'avant, à sa place habituelle de Premier Ministre. Les yeux rivés sur son ordinateur, dont la luminosité était réglée au minimum, il scrutait l'email qu'il venait de recevoir. Le message était bref, presque sec :

« Pas besoin de fouiller longtemps. Photos en pièce jointe. Faites attention à ce que vous en ferez. Ne me contactez plus. »

Ces quelques lignes, précises et laconiques, étaient exactement ce que Gabriel attendait. Il n'avait ni le temps ni l'envie de s'enliser dans des discussions interminables. Ce besoin d'efficacité l'avait poussé à rencontrer cet homme, la veille, au Loft.

Sans perdre un instant, Gabriel transféra le fichier sur son téléphone, ses gestes précis et discrets. Le cœur battant, il ouvrit les photos une à une, chaque image s'imprimant dans son esprit avec une clarté impitoyable. La première vue provoqua un choc, une tension qui lui serra la poitrine, mais ce sentiment initial se dissipa rapidement, remplacé par une satisfaction profonde et insidieuse, une certitude presque jouissive. Les preuves étaient là, entre ses mains, et ce pouvoir tangible s'infiltrait en lui, alimentant un sentiment d'euphorie maîtrisée.

Gabriel scruta chaque détail des photos, ses yeux analysant froidement les éléments qui se présentaient à lui. Ses lèvres se crispèrent en un sourire imperceptible avant qu'il ne verrouille à nouveau son téléphone et le glisse discrètement dans sa poche. Une vague de satisfaction monta en lui, incontrôlable. Ce simple email représentait une arme redoutable, une clé pour manipuler et contrôler, dont les sensations grisantes faisaient vibrer ses nerfs, comme une drogue douce mais addictive. Il s'en délectait.

Son regard s'assombrit dangereusement, et il leva les yeux, cherchant Jordan du regard. Ce dernier était déjà tourné vers lui, le visage figé, durci par une tension palpable. Même à distance, Gabriel pouvait discerner la rigidité de ses traits, une rigidité qui trahissait une nervosité grandissante. Leurs regards se croisèrent, et en cet instant, une symphonie complexe d'émotions tourbillonna dans les yeux de Gabriel, une tempête prête à éclater, contenue seulement par la maîtrise glaciale qu'il exerçait sur lui-même.

Jordan, prit dans cet échange muet, sentit un frisson monter en lui. Il déglutit avec difficulté, incapable de détourner les yeux du regard sombre de Gabriel. Un flot de sensations contradictoires semblait tourbillonner en lui, une forme d'excitation et de peur dans ce regard qu'il ne connaissait que trop bien.

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant