EPILOGUE

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Juillet

J'enchaîne les tirs sur la cible mouvante, ils sont tous précis. Le bruit de la détonation empêche mes pensées de prendre trop de place. La familia sait que je suis là donc je suis tranquille, personne ne viendra me déranger. Ils me fuient tous, compte tenu du fait que je suis devenue insupportable et exigeante. Je ne supporte plus personne, même pas mon père. Il essaye d'engager la conversation mais je le rembarre ou l'ignore, je ne veux parler à personne, je veux rester seule.

Quelqu'un toque à la porte et je sais déjà qui c'est, mon père voudra me forcer à monter pour manger, ou tout simplement pour qu'on passe du temps ensemble. Je ne réponds pas et continue mes tirs tandis qu'il entre pour se poser à côté de moi. Il pose une de ses mains sur le flingue que je tenais afin de l'abaisser.

- Mija, viens manger avec nous. Sa voix est triste, je pourrais me sentir coupable de lui faire ressentir tous ses sentiments, malheureusement je ne suis pas connue pour être une personne empathique.

- Je n'ai pas faim. Je ne le regarde toujours pas, mes yeux fixés sur la cible.

- S'il te plaît Mija, je veux au moins être sûr que tu manges quelque chose aujourd'hui. Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il m'attrape la main pour m'entraîner vers la sortie. Je marche derrière lui comme un automate même si nous savons très bien que j'aurais pu me libérer facilement de sa poigne. Je n'ai tout simplement pas l'envie de batailler.

Nous traversons le QG sous les regards inquisiteurs des membres présents. J'ignore tout le monde, pressée de retourner dans mon lit. Quand nous arrivons au salon, la table est déjà posée et mes frères sont déjà attablés. Jasiah est le premier à me voir et ses yeux s'agrandissent quand il remarque que je me dirige vers ma place. Quand Jud comprend que je suis là, il évite de me regarder, il a bien raison. Mon père commence à servir et nous mangeons en silence, avant qu'il ne le brise.

- Pourquoi tu nous évites ? Je rigole intérieurement, l'heure de la confrontation à donc sonné.

- Je sais pas, peut-être parce que vous m'avez trahi. Ma voix est ironique tout en étant froide, je braque mon regard sur celui de mon père pourtant, ce n'est pas lui qui me répond.

- Nous ne t'avons pas trahi. Je me retourne vivement vers Jud.

- Toi, je le pointe du doigt, ferme ta putain de gueule. Je ne veux plus jamais t'entendre ni te voir. Mes mots l'atteignent mais j'en ai strictement rien à foutre.

- Nous ne t'avons pas trahi, nous avons seulement fait ce qui était le mieux pour l'un des nôtres.

- Et mon bien à moi vous y avez pensé ? Personne ne répond. Vous avez pensez à ce qui serait bien pour moi ou tout le monde s'en tape ?

- Mija, je n'ai jamais voulu te nuire tu le sais ça ? Tu es ma fille et je t'aime. Ce gamin devais retrouver sa vie avec son petit-frère, son avenir n'était pas ici. La voix de mon père se fait calme, il essaye de calmer les choses mais c'est trop tard. Ils font que de se répéter.

- Et donc le mieux pour lui était qu'il retourne à sa vie de merde ? Ils viennent tout simplement de le jeter dans la gueule du loup, il aurait pu s'en sortir ici, avoir la vie qu'il voulait avec son frère.

- Le mieux pour lui était de s'éloigner de toi. Tu ne lui as rien apporté de bon. Tu étais nocive pour lui. Vous étiez devenus l'obsession de l'autre, il n'y a rien de sain là-dedans. Les mots de Jud touchent quelque chose en moi, peut-être parce qu'il a raison. Mais je refuse de lui donner cette satisfaction.

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