CHAPITRE 35

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Lysiana

- Dégage de là. Ma porte s'ouvre quelques minutes après moi et je n'ai pas besoin de regarder pour savoir qui c'est. Je me sers un verre de Tequila, l'avale cul sec, pour m'en servir un second. T'as eu ce que tu voulais ?

- Tu n'as pas à te sentir responsable de la mort de ta mère, c'était son choix. Je me retourne vivement, verre en main et le fusille du regard.

- Ferme ta putain de gueule, ne parle pas de ce que tu ne sais pas, de ce que tu ne comprends pas. Ma voix est remplie de colère et je m'étonne de ne pas sentir le début d'une crise.

- Tu n'es pas responsable de la mort de ta mère, répète-t-il et je suis à deux doigts de lui envoyer mon verre dans la gueule, elle a tout fait pour que tu sois en sécurité et elle a réussi. Tu étais un bébé quand c'est arrivé. Sa voix est calme, douce, ce qui détonne totalement avec moi. Tes parents ont mal fait les choses mais tu n'as pas à te sentir responsables de leurs erreurs. Je commence à ouvrir ma bouche mais il m'interrompt. En y réfléchissant, ce n'est la faute de personne, ça devait juste arriver. Il n'y a pas forcément de réponses et encore moins de coupables. Il faut juste l'accepter. Je m'approche de lui, à quelques centimètres de son corps, il lève les mains pour les poser sur mes bras mais je l'interrompt en prenant la parole.

- Ma mère est morte pour me protéger, fin de l'histoire. Il baisse les bras et souffle d'exaspération. Je ne veux plus jamais que tu fouines dans mes affaires, dans mon passé. Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je me dirige vers ma porte pour l'ouvrir en grand. Dégage de ma chambre. Il s'exécute tout en ne me lâchant pas du regard jusqu'à atteindre les escaliers. J'oubliais, félicitations nouvelle recrue. T'es officiellement un membre de la familia.

Je claque la porte et balance mon vers à travers ma chambre, il vient s'écraser sur la baie vitrée pour former un mélange de verres et de liquide. Cette manie que les gens ont de vouloir tout savoir m'exaspère au plus haut point. D'accord, je fais pareil mais j'y suis obligée alors que les autres le font seulement pour assouvir un désir pervers.

- Je suppose que tu ne vas pas nettoyer ? La voix de Jud interrompt mes pensées et Jasiah apparaît dans mon champ de vision lorsqu'il s'allonge sur mon lit. Tu as besoin de tes médicaments ? Je secoue la tête et il me sonde pour savoir si je dis la vérité.

- Qu'est ce qui s'est passé ? Jasiah me regarde et regarde le verre brisé pour revenir vers moi.

- Papa lui a raconté l'histoire au sujet de votre mère, je n'aime pas le fait qu'il pose autant de questions.

- Quand est ce que tu vas comprendre que c'est ta mère aussi et que tu es légitime de la considérer comme telle ? Il a raison tu sais, je fronce les sourcils et souffle quand je comprends que notre conversation n'a pas été aussi privée qu'elle aurait dû l'être, tu n'es pas responsable de la mort de maman. Le seul responsable c'est son bourreau.

- Mon père. Dis-je d'une voix plate, il vaut mieux dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Je ne sais pas à quoi il ressemblait, je n'ai jamais voulu faire des recherches sur lui quand j'ai appris les circonstances de ma conception.

- C'est moi ton père, moi et moi seul. Mon père entre dans la pièce et nous le regardons. Je t'interdis d'attribuer ce titre à une autre personne que moi. C'est moi qui me réveillait pour changer tes couches, te chantait des berceuses pour que tu t'endormes et qui te donnait à manger. C'est moi qui t'achetait tout ce que tu voulais et qui te gâtait même si tes grands-parents n'étaient pas d'accord mais je m'en foutais parce que ma fille mérite tout ce qu'elle veut. C'est moi qui t'ai appris tout ce que tu sais sur la vie. J'ai fait tout ça et je le ferai encore jusqu'à mon dernier souffle parce que je suis ton père. Il s'approche de moi pour me prendre dans ses bras et même si les miens restent le long de mon corps, ça n'empêche pas mon cœur de se gonfler et mon corps de se détendre. On a jamais eu cette discussion car j'avais peur de ce que tu pourrais ressentir et je me rends compte que j'ai contribué malencontreusement à cette culpabilité qui doit te ronger depuis des années.

ENCONTRARMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant