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Jaden.

Nous arrivons devant l'appartement, et je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point il semble exigu. C'est difficile à croire que quatre personnes puissent vivre dans un espace aussi restreint.

Nous montons les escaliers, et je toque à la porte. C'est la jeune femme blanche qui nous ouvre, son visage trahissant une certaine nervosité.

- Bonsoir, dit-elle, un peu intimidée.

- Nous pouvons entrer? demandai-je. Elle s'écarte pour nous laisser passer, et je remarque que seule la Coréenne est visible dans la pièce, assise sur le canapé, les yeux rougis par les larmes.

- Prenez place, dit la blanche en nous indiquant le canapé.

- Elle est où? demandai-je, cherchant des yeux la personne que je suis venu voir.

- Elle est enfermée dans la chambre et refuse de sortir, répond la Coréenne, les larmes aux yeux. Mais le gérant vient de me donner le double des clés, ajoute-t-elle en me tendant le trousseau. Je prends les clés et me dirige vers la porte de la chambre.

J'enfonce la clé dans la serrure et ouvre la porte, puis la referme doucement derrière moi.

Elle est assise par terre, dos à moi, tenant fermement une peluche contre sa poitrine. Ses sanglots remplissent la pièce, créant une atmosphère lourde de tristesse.

- J'ai déjà ressenti la même douleur, dis-je doucement, espérant qu'elle m'entende. Elle ne bouge pas, et quelques secondes s'écoulent sans qu'elle ne réponde.

- Ce n'est pas pareil, dit-elle finalement, la voix nouée par l'émotion.

- Je sais ce que ça fait, insistai-je, essayant de lui montrer que je comprends.

- Ce n'est pas pareil, répète-t-elle, comme si elle s'en voulait énormément. J'ai tout donné... La vie m'a tout pris... Je n'ai plus rien, dit-elle en essayant de se contrôler. Mon père a toujours été là. Quand ma mère me stressait, c'est lui qui me calmait. Il m'aidait à voir le monde différemment, à le voir meilleur, au-delà de tout, de tous les monstres qui le pourrissent, au-delà de la pauvreté, du racisme, de l'argent... Mais maintenant, je ne vois rien, dit-elle en serrant encore plus fort sa peluche. J'ai encore besoin de toi, ne pars pas, pas ce soir, surtout pas ce soir, supplie-t-elle. Je ne suis plus rien, ajoute-t-elle, pleurant plus fort qu'avant.

Je m'approche d'elle et la prends dans mes bras. Elle pleure sur mon épaule, son visage tout rouge de chagrin. Ses larmes coulent sans fin, et je sens toute sa douleur se déverser sur moi. Je la serre plus fort, essayant de lui transmettre un peu de réconfort, de lui montrer qu'elle n'est pas seule dans cette épreuve.

- Jaden... Jaden... mon père est mort, il est mort, dit-elle, son corps tremblant contre le mien. Je sens la chair de poule sur sa peau. Mon père est mort, répète-t-elle, et pour la première fois, j'éprouve une profonde pitié pour elle. Que la vie me prive de mes yeux, de mes jambes, mais pas de mon père, pas lui.

- Ça ira, dis-je doucement, bien que je sache que mes mots sont insuffisants.

- Moi, je fais quoi maintenant sans lui? dit-elle en s'effondrant davantage. Ça ne fait que s'empirer. Ramenez-moi mon père, ramenez-le-moi, il n'est pas mort, il dort, mon père dort, dit-elle, perdue dans son désespoir. Je ne crois pas qu'elle soit très consciente de ce qu'elle dit. Qu'est-ce que la vie m'a fait? Pourquoi, Dieu? Ai-je tant péché que ça? continue-t-elle, sa voix brisée par la douleur.

La situation devient de plus en plus compliquée. Je sors mon téléphone et envoie un message à Damon, lui demandant de m'apporter quelque chose pour calmer Tina. J'ai peur qu'elle ne se fasse du mal.

Four vs Four (les insoumises)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant