~Kendra~
[Sonnerie de téléphone]
John : Kendra décroche cet appel.
Moi : ...
John : il est 22h au Nigeria, cette femme devrait être en train de dormir au lieu de t'appeler. Ça veut dire qu'elle s'inquiète.
Moi : ...
Il me traverse et prend le téléphone. Il décroche l'appel en haut-parleur et sort du chalet.
Maman en langue : allô ? Alake ? Tu m'entends ?
~Maman Alake~
Je ne pouvais pas me contenter d'une conversation de 5mn après 14 ans d'absence. Je n'ai pas cessé de rappeler ce numéro, de vider mes unités sur sa boîte vocale, et de recharger mon téléphone. Puis elle a enfin répondu.
Après 10mn à peine, la conversation se coupe. Je fais recharger mon téléphone et rappelle, elle décroche aussitôt. Je lui fais alors promettre de venir me voir lorsqu'elle sera de retour au Nigeria.
~Un mois plus tard, mars~
Le jour n'est pas encore levé que je suis réveillée. Armée de mon balai en tige, je déloge poussières et toiles d'araignées dans toute la maison. Puis je me rends au marché, les femmes s'installent à peine. Je prends tout ce dont j'aurais besoin pour préparer les plats préférés de mon bébé.
De retour à la maison, ma belle-fille (épouse de Femi) continue le ménage. Elle m'aide aussi pour la cuisine.
Moi : mets plus d'épices, Alake aime les épices.
Elle : mais les enfants.
Moi énervée par sa réflexion : c'est tout ce que les adultes mangent que les enfants doivent manger ?
Elle rajoute des épices sans répondre.
Le temps que les marmites mijotent, je vais recouvrir nos vieux fauteuils de mes plus beaux pagnes.
Moi : où sont les enfants ?
Femi : Akynn leur a interdit de venir ici. Si Alake veut les voir, qu'elle aille chez eux. Yemi (le dernier d'Alake qu'elle a eu avec l'instituteur) ne devrait pas tarder.
Moi : M. mon mari, allez vous laver s'il vous plaît.
Mon mari : ...
Moi : mon mari je te parle.
Lui : ...
Moi : papa Alake va te laver, je t'ai laissé des vêtements sur le lit.
Lui : ...
De mon mari à mon fils en passant par ma belle-fille, je voyais leurs airs agacé et mécontent.
Moi : 14 ans que je n'ai pas vu ma fille, 14 ans. A cause de quelqu'un ici. Je vous ai envoyés chercher mon enfant, tous ici avez été incapables de la retrouver. Aujourd'hui moi-même je suis allée chercher ma fille jusqu'à chez Obama, moi-même je l'ai ramenée à la maison.
Si quelqu'un dit ou fait quelque chose qui la fait repartir, je jure (doigt sur la langue puis levé au ciel) je me suicide comme ça vous aurez ma mort sur votre conscience. Je dis que si vous faites retourner mon bébé, je me suicide. Je vais me suicider oh !
[Silence]
Moi avec autorité : Kassim va te laver ! Et tu mets du parfum.
Lui : comme on reçoit la Reine d'Angleterre.
Moi : la Reine du Monde, on reçoit la Reine du Monde Kassim. Ma fille a plus de valeur qu'elle tu comprends ?
Il se lève avec humeur pour se rendre dans la chambre.
