~Leins, Août~
Linda et moi partons pour la France la semaine prochaine. Moi à Rennes, Linda à Bordeaux dans l'appartement de papa. Elle stresse un peu parce que son visa n'est pas encore sorti. On lui a proposé que papa la reconnaisse pour avoir la nationalité mais elle a refusé. Selon elle ça serait un manque de respect à la mémoire du défunt M. BIGNOUMBA. Quand elle va aller subir la tracasserie des papiers là-bas, elle va peut-être changer d'avis.
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Ce soir on était sensés passer une super soirée au restaurant entre nous, sauf que maman Wendy nous a tapé une grosse scène en plein restau. Résultat, on finit le repas en silence.
Ma belle-mère n'était pas une femme chiante, bien au contraire, c'était la femme la plus cool du monde. Elle ne se préoccupait jamais de ce qui se passe hors des murs de sa maison. Elle n'était pas non plus de celles qui se donnent en spectacle en public. Non, elle pleurait seule dans son lit. Cette femme toujours à cran et détestable que je vois devant moi est l'œuvre de Monsieur mon père.
Ça me fait mal de savoir que je vais laisser mes petites sœurs dans un climat pareil. Ça me fait mal parce que c'était ma dernière soirée avec eux. Et pour moi, il n'y a qu'une personne responsable de ce fiasco : mon père.
Dans la voiture nul ne parle. On roule jusqu'à la maison en écoutant l'émission qui passent sur RFI. De retour chez nous, chacun file dans sa chambre.
Linda : je suis bien heureuse de rentrer chez maman demain. L'air est juste invivable ici.
Moi : ...
Linda : je suis dans ma chambre. Bonne nuit.
Moi : bonne nuit Linda.
Au milieu de la nuit, on est réveillé par des cris provenant de la chambre des parents. Ce sont les voix de M. et Mme MEVIANE qui se font entendre. Je sors de la chambre et Linda a déjà récupéré les filles. Elle porte Keysha et tient la main de Jahia pour les conduire en bas, les deux petites sont en larmes.
Je cogne à leur porte en appelant leurs noms plusieurs fois avant de décider d'ouvrir. Heureusement ils sont habillés.
Moi : papa !
Ils sont trop occupés à se chamailler pour me répondre.
Moi plus fort : papa !
Ils continuent de se chamailler et papa saisit les deux mains de maman avant de la secouer bien fort. Une femme enceinte.
Ce geste me met hors de moi et je vais me mettre entre eux avant de violemment pousser papa loin de sa femme. Ils n'en reviennent pas tous les deux, je suis tellement en colère que je respire bruyamment.
Papa n'en revenant pas : Leins ? Tu veux te battre avec moi ?
Moi en colère : tu ne la secoues pas comme ça !
Papa : c'est à moi que tu parles la ?
Moi le regardant : ...
Papa en revenant vers moi : je parle avec ma femme, tu viens t'interposer en tant que qui ?
Je me place devant ma belle-mère comme un bouclier. Je suis tellement en colère actuellement, je ne peux même pas me l'expliquer moi-même.
Papa : tu veux me montrer que tu es un homme ?
Cette fois c'est maman Wendy qui se place en bouclier devant moi. Il passe par-dessus son épaule pour essayer de m'atteindre et je ne recule même pas. Maman Wendy le pousse mais il ne va pas bien loin.
Linda horrifiée : tu veux frapper une femme ? Enceinte en plus ?
Il essaie encore de m'atteindre mais sa femme fait barrière. Je suppose que Linda pense qu'il veut s'en prendre à maman Wendy et la réaction normale de tout enfant est de protéger la femme. Elle fonce alors sur lui et le tire en arrière vers la sortie de la chambre. Il se dégage violemment en faisant tomber Linda. Je contourne maman Wendy pour aller regarder ma sœur et il en profite pour me donner des coups de poing. J'ai envie de les lui rendre mais je suis un garçon bien éduqué. Ce sont les filles qui s'acharnent sur lui ce qui le rend encore plus vénère.
