~Linda~
Sans rechigner, je rentre dans la maison et m'arrête au salon pour les regarder. D'ici je n'entends rien mais au vu de leurs têtes, c'est grave.
[Sonnerie de téléphone : Boo]
Moi : allô ?
Leins : tu as compris quelque chose ?
Moi en soupirant : non.
Leins : leur réaction lorsque tu as parlé de ta mère. Soit nos deux familles se détestent, soit on est parenté. Je dirais de ta mère car elle est de la même ethnie que le père de ma grand-mère paternelle. Ce dernier avait d'ailleurs plein d'enfants dehors. Mais ça fait loin tout ça. C'est pas comme si on était cousins directs ou frère et sœur.
La lanterne s'éclaire.
Leins : ou c'est juste un problème entre ta mère et un membre de ma famille.
Je ne sais pas quoi lui répondre. Je prie pour que ça ne soit pas ce que je pense.
[La porte s'ouvre]
Moi à Leins : je te rappelle.
Je raccroche, pose mon téléphone sur le lit et regarde ma mère.
Maman : tu as couché avec ce garçon ?
Moi : non.
[Silence]
Moi : c'est lequel mon père ?
Maman après plusieurs minutes de réflexion : Nathan. Leins est ton frère.
Je me mets à pleurer silencieusement en regardant mes pieds. Plusieurs images et scénarios fusent dans ma tête. Tout est mélangé, flou. Je ne sais pas quoi penser.
Et ça veut dire qu'à l'école ils sauront ? Ils sauront ce que ma mère a fait.
Maman : tu veux en parler ?
Moi : je veux changer d'école.
Maman : à quatre mois de la fin de l'année ?
Moi : ils vont se moquer de moi.
Maman : ...
Moi : ce n'est pas à moi de subir les moqueries. Je n'ai rien fait de mal.
Maman : et si on se moque de toi ? Tu vas mourir ? Ça va te retirer un membre ? Quelle école va t'accepter à quatre mois des vacances ? Tu veux perdre une année ? Linda les gens parleront toujours, tu vas arrêter de vivre pour eux ?
Moi : snif ! Ce n'est pas juste ! Snif ! Ce n'est pas de ma faute.
Maman : je sais. Mais la vie est injuste. Viens manger.
Je n'ai pas bougé. J'ai pleuré à m'endormir. Le lendemain aussi je n'ai pas bougé de ma chambre. Mon téléphone était éteint car je n'avais envie de parler à personne, maman l'a compris et m'a laissée tranquille.
Le lundi au lycée j'ai essayé au mieux de fuir Leins mais c'est mal le connaître.
Leins : il m'a tout dit.
Moi : ne le dis à personne.
Leins : je ne dirai rien à personne t'inquiète. Mais toi ? Comment tu le prends ?
Moi : je ne sais. J'ai failli coucher avec mon frère ! Quel horreur !
Leins : ça m'a donné la chair de poule.
[Silence]
Leins : les hommes de la famille sont bons coureurs de jupons mais là... c'est chaud !
Moi : il travaille à Clélia non ? Ton père ?
