Najla - Destinée à souffrir.

٧٤

Deux semaines se sont écoulées depuis le mariage, et Jamal est enfin rentré de sa lune de miel, le sourire aux lèvres, détendu et heureux. Mais moi, je n'ai toujours pas revu Najla. Pas un message, pas un appel. Juste ce vide.

Le manque devient insupportable, un poids lourd qui m'écrase un peu plus chaque jour. Son absence me ronge, et l'inquiétude me hante à chaque instant. Je passe mes nuits à penser à elle, à me demander si elle va bien, si elle a pu trouver un peu de paix, si elle pense à moi. Mais tout ce silence m'étouffe, et le doute me tue à petit feu.

Dans tout ça, la tension avec Zyad ne fait qu'ajouter au chaos. Nous avons réussi à le localiser, et tout est prêt. Mes gars et moi, on attend seulement le signal de notre contact, le moment exact où l'on pourra passer à l'action sans risquer de tout gâcher. C'est comme être sur le fil d'un rasoir : d'un côté, l'envie de tout régler une bonne fois pour toutes, de tourner cette page dangereuse ; de l'autre, l'angoisse de ce qui pourrait mal tourner.

Le problème, c'est que cette attente ne fait qu'alimenter mon obsession pour Najla. J'essaie de me concentrer sur cette mission, de me dire qu'éliminer Zyad est la priorité absolue, que c'est la seule façon de garantir la sécurité de ceux que j'aime. Mais dans le fond, je sais bien que rien ne pourra m'apaiser tant que je n'aurai pas retrouvé Najla. La peur de la perdre pour de bon me hante.

Zinedine, qui a remarqué mon agitation, me jette parfois un regard de reproche. Il sait que mes pensées sont ailleurs. Mais il ne dit rien. Il sait que ça dépasse le simple fait de vouloir reconquérir Najla ; c'est une question de survie émotionnelle, un besoin viscéral de la savoir à l'abri.

Alors, en attendant le signal, je reste suspendu entre deux mondes : celui où la vengeance contre Zyad domine, et celui où Najla me hante. Tout est flou, incertain, et la seule chose qui me reste, c'est cette détermination froide à régler les choses, peu importe le prix. Parce qu'une fois Zyad hors d'état de nuire, peut-être aurai-je enfin une chance de tout reconstruire.

Youssef — Oh, Faris ! Tu nous écoutes là ?

— Euh... ouais, ouais. Tu disais quoi ?

Zinedine — Ils ont aperçu Zyad près de chez Meryem et Najla !

D'un coup, ma tête se tourne vers lui, mes yeux agrandis par la peur et la surprise.

— Quoi ?!

Youssef — J'ai eu Meryem au téléphone, elle est pas chez elle, mais Najla si.

Pas une seconde à perdre. Je me lève d'un bond, attrape ma veste d'un geste vif et file vers la porte, laissant mes pensées se bousculer. Le danger est réel, bien trop proche d'elle. Je prends même pas le temps d'expliquer. Mon instinct m'a déjà mis en mouvement.

Sans attendre, je cours jusqu'à ma voiture, le cœur battant à tout rompre, la panique se mêlant à la colère. Je démarre en trombe, la seule image en tête étant celle de Najla, seule et vulnérable, avec ce fou de Zyad rôdant quelque part, prêt à tout pour se venger.