IV~Bang

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Elle avait beau rôle, l'énorme peluche qu'il maintenait au-dessus de lui. En un sens, cela montrait à quel point cet ours aussi grand qu'un homme était son préféré d'entre tous. Dans la première centaine de doudous qu'il possédait, c'était ce teddy avec lequel il jouait le plus, passait le plus de temps et se confiait à ce meilleur ami silencieux. Il l'aimait tant. Mais, pour palier à toutes ces qualités, le défaut dans toutes ces peluches était incontestablement leur absence de vie. Il voulait qu'elles bougent, réagissent à ce qu'il leur disait, même si cela n'avait pas d'importance parce que son passe-temps favori était de justement les rendre vivantes.

« -Dis-moi, Willi, pourquoi t'as laissé ta poubelle dormir ici ? demanda l'ours de sa voix grincheuse.

-Tu parles de l'humain ? répondit William. Parce qu'il faut que Poubelle soit au top de sa forme pour la prochaine fois qu'on le voit, avec les gars. »

Un rictus sadique illumina son visage. À la seule idée de savoir sa bête à sa merci, il jubilait. Rien n'est plus plaisant que de jouer au jeu du chat et de la souris.

« -N'y a-t-il donc aucune trace d'hospitalité ou de bonté dans ton cœur ? le questionna l'ours avec une légère tristesse dans la voix.

-L'humain aurait tôt fait de devenir fou si ces deux-là étaient en moi. »

William avait seulement voulu servir ses intérêts en partageant son lieu de vie actuel, néanmoins cela n'avait certainement pas été de gaieté de cœur. Le pire c'est qu'il ne s'est rendu compte de rien cet inconscient ! William reposa l'ours à ses côtés en soupirant. Il fixa le plafond pendant un moment avant de se rasseoir en tailleur, lassé de cette staticité qui l'environnait puis fit le tour de la chambre du regard. Il était perplexe, l'humain n'avait rien touché. William avait vérifié et la seule preuve de son passage lorsque William revint avait été les draps froissés. Toute personne normalement constituée aurait jeté un coup d'œil, fouillé un peu partout. Quel étrange humain...

« -Du coup, qu'est-ce que je lui fais à l'autre ? dit William en posant son menton sur sa paume. »

Si je lui accorde une journée, ce bâtard devra en payer le prix demain.

Pour William, il n'y avait que deux options et il hésitait depuis plusieurs jours. L'une consistait à aller chercher incessamment sous peu sa tendre chiffe molle et tester pour la première fois le terrain et ainsi prévoir les prochaines actions à effectuer ; alors que la seconde traînait plus en longueur et jouait malicieusement avec l'attente jusqu'au moment où il faudrait agir et pas de la plus douce des manières. Le problème qui se pose, c'est que les deux méthodes sont bien mais faut penser à l'après. Si on y va tout doux cette fois, ça risque de ne pas être marrant et si on y va trop fort, ça risque de ne plus me donner de suite dans les idées.

Alors que faire ?

Quelles différences ça ferait ?

Exaspéré, William souffla en levant les yeux au ciel.

De toute façon, j'arriverai pas à le caser dans mon emploi du temps du jour. Sûr que dans la nuit, y aurait aucun problème mais il faut qu'il pionce pour la vraie première fois. Tant pis. C'est pas grave. La flemmingite aiguë m'a contaminé.

En parlant de boulot... Faudrait que je m'y mette, ce sera ça de fait.

Dans le tiroir de sa table de chevet, William gardait secret son petit trésor personnel : un petit coffre de bois et de fer où étaient entassées toutes les vies qu'il avait littéralement volées. L'expérience faisant, heureusement que je connais les techniques pour empêcher ces douces Ombres de se tailler dans l'Au-Delà... William déposa le coffre sur son lit et regarda à travers une mince ouverture qu'il avait faite en ouvrant le coffret.

MONSTER'S PROJECT : I. DovenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant