XVI.2

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Seul, le regard bas, avançant rapidement, Joyama retourna sur ses pas matinaux dans les ombres nocturnes. Comme au petit jour, il reprit la même ligne ferroviaire. En gardant les yeux ouverts sur l'extérieur invisible, il se cachait des autres voyageurs. Il arriva sur Odawara sans se presser. En sortant de sa station, il remarqua une chose nouvelle. La ville avait un tout nouvel aspect, qu'il n'avait jamais vu. Elle lui sembla plus familiale, plus familière. Joyama ne s'attarda pas sur ce nouvel angle -même s'il le trouvait intéressant- et fonça immédiatement en direction de l'appartement. Sur le chemin, des courants chauds traversèrent les rues, puis glissèrent sur lui, si bien que lorsqu'il pénétra dans l'appartement en sifflotant, sa veste était grande ouverte.

Comme il l'avait pensé dans le train avec un léger sourire amusé, tous les gars lui sautèrent dessus. Ils lui avaient posé mille et une questions. En rigolant, Joyama avait scandé qu'il ne répondrait que lorsqu'il commencerait à manger. Grâce à ce subterfuge, il put gagner du temps pour aller se débarbouiller et se changer, même si certains le suivaient, tout sourires. Il revint au salon plus confortablement vêtu et explosa de rire. Un repas fumant était servi sur la table et toute la bande était installée avec exactement les mêmes yeux pleins d'espoirs aux visages. Joyama dut capituler. Il s'assit avec eux et les questions fusèrent.

Pendant tout le repas, il raconta et expliqua chaque infime détail de sa journée. Des questions les plus normales à aux plus improbables, Joyama dut répondre à chaque interrogation.

« -Donc t'as une équipe c'est ça ? lui demanda Takanori en piquant une chips dans le paquet sur les genoux de Kai

-Ouais ! Une jeune femme et un plus vieux travaillent avec moi, répondit l'intéressé.

-Et ils font quoi ? poursuivit Akira.

-Aka reste au comptoir, moi je sers ou je fais pareil et l'autre fait un peu la cuisine. »

Un silence brutal les emprisonna dans un huis-clos étonné. Surpris, Joyama finit par continuer de manger en les regardant de biais.

« -C'est qui, Aka ? dit sombrement Takashima. »

Tous observaient Joyama avec un regard soupçonneux.

« -Elle ? C'est la fille du comptoir tu sais ? Je connais pas son nom ni son prénom mais tout le monde l'appelle Aka.

-Mouais... Elle est jolie ? répliqua Kai.

-Tu l'aimes bien ? surenchérit Akira. »

Joyama sentit une gêne étrange l'engloutir, comme si l'idée que cette fille puisse avoir un impact sur leur bande à eux.

« -Bah... Je la trouve... Plutôt mignonne ? répondit-il en sentant ses joues brûler instantanément. »

Un cri unique retentit. La télévision allumée ne devint qu'un bruit de fond et Joyama les vit tous s'agiter violemment.

« -C'est extraordinaire ! s'écria Kai en mimant une surprise aristocrate.

-Prodigieux ! continua Akira en sautant sur le premier. »

Ils mimèrent une valse espiègle avant de s'écrouler de rire. Takanori s'approcha de lui et tapota gentiment son poings sur une de ses tempes.

« -Ben bravo toi ! Tu t'es pas raté ! dit-il en rigolant.

-T'es vraiment bizarre quand tu t'y mets, continua Takashma en ébouriffant ses cheveux.. Félicitation puisque ça faisait mille ans que t'étais pas foutu de tomber amoureux !

-Nan mais arrêtez c'est rien ça ! hurla Joyama en les regardant tous. Si ça se trouve ça passera, y a rien de concret là-dedans !

-T'as dit que tu pouvais pas blairer le mec alors arrête de nier ! Dès le premier jour en plus ! »

MONSTER'S PROJECT : I. DovenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant