L'ardeur des douleurs qu'il ressentait en son for intérieur était à peine plus supportable que la vie qu'il menait ici. Au début, il s'en était un peu douté que la vie dans ce genre d'endroit devait être difficile. Mais ils n'avaient pas été censés rester sur du long terme alors il ne s'en était que peu soucié. On aurait dû réaliser que rencontrer autant de gens étranges d'un coup, c'était louche... Avec désormais suffisamment de recul pour l'admettre, il était aujourd'hui convaincu que c'était leur entrevue avec les autres qui avait officiellement signé l'arrêt de leurs existences.
De très nombreux signaux aurait dû les alerter du danger que représentait le fait de venir chez Eyeless Jack. Cependant, harassés par la fatigue, terrassés par le sommeil, ils n'avaient pas eu d'autres choix que de trouver un hôtel pouvant les héberger le temps d'une nuit. Ils n'avaient pas remarqué ce faux-semblant de joie sur les visages des clients, hypocrisie trop subtile pour leurs yeux fatigués ; détermination au départ si risible ayant allongé leur séjour d'une nuit jusqu'à une date encore indéterminée. Ils n'avaient pas pris les menaces de leurs sosies au sérieux et il croyait désormais dur comme fer que tout aurait pu être différent s'ils n'avaient pas agi avec autant d'imprudence.
Les autres avaient pris des décisions radicales pour éradiquer de manière durable la bonne humeur dans leur petite bande d'amis, si bien que dès les premiers rendez-vous, ils avaient été contraints d'appliquer leur loi du silence. Une loi du silence trop pesante pour tout un chacun. Hélas, désormais entre leurs griffes, ils craignaient trop pour leurs vies pour véritablement en parler ou faire quoi que ce soit d'autre. On les connaît maintenant. Qui sait ce qu'on pourrait nous faire, s'ils venaient à apprendre quelque chose sur nous ?
À trop vouloir s'approcher, le papillon brûle ses ailes.
Constamment, ses amis et lui subissaient la pression d'une épée de Damoclès pesant sur chacune de leurs têtes. Ils craignaient pour tous, ils craignaient pour leurs familles, ils craignaient pour chacun de leurs gestes et ils ne savaient pas de quoi les autres étaient capables pour les obliger à rester cloitrés dans leurs impuissants abris. L'unique chose qu'on apprend dans cet établissement, c'est que la sécurité est une amie trompeuse cherchant à tout prix à briser un peu plus les prisonniers d'Eyeless Jack.
Cependant, malgré la menace continue sur leurs épaules, malgré ce qu'on leur faisait endurer, Akira n'avait jamais laissé son cœur s'ouvrir au point de craquer : trop de fierté masculine aux premiers abords. Mais au fond, il préférait se laisser de côté pour mieux soutenir ses amis et ce, à sa manière.
Tout est une question de contrôle, n'est-ce pas ?
Mais est-ce que c'est bien pour nous tous que j'agisse ainsi ?
Aurais-je le droit à l'erreur ?
Jusqu'alors, la crainte obsédante de ne pas être capable d'être un soutien fort pour ses amis ne l'avait jamais quittée. Pour maintenir le moral déjà bien bas de leur bande, il s'était obligé à rester constamment calme et serein. Cependant, désormais seul, prostré, encerclé entre quatre murs mauve pastel, il doutait. Il doutait de tout, de ses agissements, de ceux qui l'entouraient, cet endroit où ils étaient.
Aurais-je seulement le droit de pouvoir baisser les bras ?
Il coinça sa tête entre ses bras.
Ça les blesserait, c'est sûr.
Pourquoi c'est tombé sur nous ?
Le temps ne semblait plus avoir de limites et, retranché dans ses réflexions, il ne pouvait s'empêcher de se torturer l'esprit avec des sujets à de très nombreuses fois abordés avec ses amis, qui avaient étés traités comme des débats, pour finir tabous lorsque tout était partis trop loin.
VOUS LISEZ
MONSTER'S PROJECT : I. Doven
FanfictionCe fut un désespoir immense qui le submergea lorsqu'il comprit que son seul but n'avait été que la déchéance. Une décadence implacable, cruelle et abominable. La plénitude avait éclipsé toutes ses pensées. Enfin, il avait fait ce qui lui avait sem...