La jeune et brûlante fleur s'épanouissait un peu plus puissamment derrière la légère barrière de tissu, provoquant une douce lumière tamisée sur leur joli, petit et confortable refuge. La légère lumière montant en puissance avait fini par faire lentement émerger d'une inconscience régénératrice le premier des bienheureux dormeurs. Seules les calmes respirations de ces derniers rythmaient la vie ensommeillée dans leur cocon.
Une agréable canicule régnait dans la petite coquille de coton qu'il s'était forgé au fil de son escapade nocturne. La délicate mollesse de sa couchette le faisait descendre peu à peu vers un état de béatitude tant son abri était confortable et séduisant, surtout dans le creux de son coussin protecteur. D'une certaine façon, tant de bien être si tôt le matin l'éblouissait lui et ces couleurs si pales et intenses qui teignaient cette sereine pièce de blanc et de ciel.
Cependant, un petit problème vint entacher un peu plus, au fil de chaque minute cette atmosphère si qui embrumait la chambre : plus il essayait de se rendormir, plus la tâche lui semblât ardue. Impossible pour lui de revenir au monde des rêves, ses yeux demeuraient obstinément ouverts, cette moue boudeuse s'interdisait de partir et l'absence de pensées à certains instants étaient d'autant plus déroutantes car décousures de sens. Pour combler le tout, il restait toujours cette stridente alarme interne qui lui hurlait qu'il n'avait plus besoin de sommeiller. Alors au bout d'un temps indéfini, Takanori fut bien obligé de rendre les armes et admettre qu'il était désormais pleinement éveillé.
Lassé et vaincu, il finit par sortir doucement de cette chaleur cotonneuse qui l'entourait. Il s'assit en tailleur en essayant de faire le moins de bruit possible. Il préserva ses jambes de lait dénudées sous la couette chaude et contempla ceux qui l'entouraient.
Une satisfaction léthargique s'était délicatement emparée de lui lorsque, de ses yeux encore assoupis, il retrouva le commun des mortels et ses deux compagnons dans leurs couches, encore en rendez-vous avec leurs songes. Un petit sourire naissant et l'attendrissement de voir de pareils visages paisibles sous les lueurs épurées du soleil lui parvinrent.
Je me demande si je suis comme ça quand je dors... Ils ont l'air si innocents tous les deux.
Soudain, une irrésistible envie de s'étirer le prit et il n'eut pas d'autres choix que de se lever en frissonnant. Pendant qu'il effectuait ses quelques assouplissements, il fit du mieux qu'il put pour ne pas laisser s'échapper d'entre ses lèvres des plaintes suraiguës. Du calme, encore du calme, rien que du calme. Il n'avait pas besoin de plus après un réveil aussi doux pour se sentir aussi barbouillé que lors des week-ends où il ne dormait pas forcément assez ou vraiment trop à l'époque où il était plus jeune encore. Un vieil automatisme s'enclencha alors : il s'enfuit à la salle de bain.
L'eau froide sur son visage eut le mérite de pleinement le réveiller, chaque gouttelette avait été, comme voulu, un vrai réveil pour sa conscience qui s'était un peu trop écartée vers des volutes oisives. Chaque bouffée d'eau froide avait été revigorante pour tout son être désormais plus vif, plus dynamique et plus prompt à répondre à ses attentes matinales.
Jusqu'ici évité, il finit par irrémédiablement tomber sur son reflet. Reflet qui semblait être encore près à la somnolence avec ces traces violacées et bleues sous ses prunelles, ses cheveux aux racines noires si ébouriffés et plus que tout, cette mine décontenancée en se voyant lui-même. Qu'est-ce que c'est que cette horreur ?! Tant bien que mal, Takanori essaya de rattraper les ratés de son reflet en réarrangeant sa crinière obstinément rebelle sur son visage si parfait. « Je suis parfaitement parfait la journée et le soir, mais absolument dégueulasse le matin, pensa-t-il avec dégoût en replaçant une mèche particulièrement difficile. »
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MONSTER'S PROJECT : I. Doven
FanfictionCe fut un désespoir immense qui le submergea lorsqu'il comprit que son seul but n'avait été que la déchéance. Une décadence implacable, cruelle et abominable. La plénitude avait éclipsé toutes ses pensées. Enfin, il avait fait ce qui lui avait sem...