« -Si tu pouvais aller chercher du désinfectant et de la gaze ? C'est dans le tiroir au-dessus du lavabo, s'il te plaît. Merci, dit Kai d'une petite voix en s'asseyant au bord du lit. »
Takanori demeura silencieux mais partit néanmoins dans la salle d'eau. En se souvenant de la hauteur du tiroir, Takanori fouilla des yeux la pièce et dénicha un petit sur-élévateur en plastique qu'il plaça ensuite devant le lavab. Il commença à fouiller à l'intérieur. Il dû prendre plusieurs minutes avant de sortir définitivement la tête du placard, les mains chargées de morceaux de coton, d'un petit rouleau de gaze, d'une compresse et d'un flacon vert fluorescent d'antiseptique. J'espère que Kai sait ce qu'il fait... Parce que même avec toutes ces heures de préparation aux gestes de premiers secours, je suis pas foutu de faire correctement de jolis bandages. Il essaya de répartir entre ses bras tout son attirail pour être décemment capable de refermer les portes du placard. Ceci fait, il se retourna en direction de la chambre.
Il déglutit.
Des picotements désagréables, partout sur le corps.
Kai s'était en partie dévêtu, laissant apparaître d'en dessous des couches de tissus, un cauchemar glaçant.
Creux des reins, longues balafres presque sanguinolentes. Violence inouïe. Partie haute, ligne de balafres-hématomes des ailes internes jusque chaque bras. S'étiolant à leurs façons dans un panel de couleurs aussi froides que leur grosseur. Acre peinture sur cette peau légèrement halée, d'autres descendantes de ces blessures moins importantes et plus discrètes mouchetaient ce qu'il restait de ce dos violenté.
Takanori s'était soudain totalement immobilisé. Ses pieds refusaient d'avancer, ses jambes comme statufiées et ses paumes tremblantes : tout son être se refusait à montrer le moindre signe des émotions affluant sauvagement en son for intérieur. Kai se retourna. Ces appels au secours dans son regard étaient insupportables, ces tremblements provenant de son corps étaient monstrueux et, ces perles coulant le long de ses pommettes chutaient solennellement dans le silence immobile qui les réunissait. Et ce sentiment qui emplit d'un coup Takanori : une sensation trop déplaisante que lui-même ne pouvait être qu'impuissant face à ce qu'on lui mettait sous les yeux. Ce fut ce qui l'immobilisa. Ce fut aussi ce qui finit par le rendre à son corps et ne plus le faire se contenter d'un simple rôle de statue silencieuse et bègue.
Comment peut-on être dénué d'humanité au point d'en montrer un résultat pareil ?
« -Comment t'as pu laisser un truc pareil ? s'écria Takanori qui se força à approcher pour déposer son maigre matériel autour de Kai tout en prenant soin de ne pas le toucher. T'as vu ce que tu as dans le dos ?! Du désinfectant ne sera jamais suffisant pour tout ce que t'as !
-Et hurler ne fera pas avancer les choses, répliqua trop calmement Kai en essuyant les pâles larmes striant ses joues. »
Suivant la parole aux actes, ce dernier se redressa et, avec horreur, Takanori découvrit de nouvelles et tout aussi moches blessures sur toute la partie supérieure du torse de Kai. De nouveaux picotements coururent sur sa peau.
« -Pour moi, le mieux à faire serait que tu partes aux urgences, déclara finalement Takanori en baissant de trois tons. Je sais même pas comment tu peux tenir avec tout ce que t'as ! Il faut que t'ailles à l'hôpital ! termina-t-il en s'étant presque remit à crier.
-On ne peut pas ! explosa soudain Kai. Tu crois que si j'en avais eu la possibilité, j'y serais pas allé ?! J'aurais mille fois préféré faire autre chose que d'avoir ça sur moi ! On. Ne. Peut. Pas, murmura-t-il en baissant la tête. Je suppose que depuis tes cinq jours ici, tu dois déjà t'en douter. »
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MONSTER'S PROJECT : I. Doven
FanfictionCe fut un désespoir immense qui le submergea lorsqu'il comprit que son seul but n'avait été que la déchéance. Une décadence implacable, cruelle et abominable. La plénitude avait éclipsé toutes ses pensées. Enfin, il avait fait ce qui lui avait sem...