MONSTER'S PROJECT : I. Doven

IX~Pardon

C'était un combat : deux forces qui s'opposaient.

C'était une injustice : le roseau pliait.

C'était une cause perdue : le bambou demeurait inflexible.

Comment était-ce possible ? Takanori n'en savait rien.

Il serrait les dents. Ses bras le faisaient souffrir et voulaient se détacher de son corps pendant que ses pieds glissaient vers l'avant. Et, imperturbable avec sa force de colosse, Hellio continuait à le traîner à lui. Tel un enfant mal éduqué ne voulant quitter l'aire de jeu, Takanori essayait de s'arc-bouter au possible, cherchait désespérément le regard des rares parents à sa portée.

« - À l'aide ! Aidez-moi ! les suppliait-il, totalement abattu. »

Les quelques prunelles qui s'étaient donnée la peine de répondre à son appel n'avaient pas le courage de le regarder droitement. Au lieu de cela, l'unique chose qu'elles osaient un temps soit peu faire était de faire naître une étincelle désolée dans leurs regards avant de revenir à ce qui les préoccupaient. Faute de ne pas avoir essayé, il découvrit qu'à chacune de ses tentatives, c'était la même chose. Mais parfois, les corps auxquels appartenaient ces prunelles marchaient près d'eux et en ces cas-là, ils s'écartaient prestement sans même montrer un quelconque signe d'intérêt pour lui.

« -Que quelqu'un fasse quelque chose ! hurla à nouveau Takanori.

-Ta gueule ! lui répondit Hellio. »

Takanori se tut aussitôt. Il continua de résister en souffrant en silence. Tous... Ils sont tous contre moi ! Qu'est-ce qu'il y a ?! Qu'est-ce que vous avez tous ?! Ils me laissent avec leurs petits sourires pleins de compassion ! Ils savent ce qui va m'arriver ! Je vous hais tous !

Ils arrivèrent rapidement devant le couloir aux portes. Hellio s'engouffra dans le mince espace. En le regardant faire, Takanori vit une chance inespérée de s'enfuir. Avant de pouvoir pénétrer le corridor, il réussit à poser ses pieds contre les murs devant lui et commença à faire contrepoids en forçant un peu plus encore dans le sens opposé à Hellio.

Peine perdue.

Hellio le tira violemment à lui sans montrer le moindre signe d'effort. Takanori vola en avant. Un boucan de tous les diables éclata lorsqu'il tomba à terre. Dans sa chute il manqua de frapper le sol tête la première. Une chaleur piquante irradia ses chevilles. Un gémissement plaintif fut expulsé de ses lèvres lorsqu'il se recroquevilla sur lui-même pour voir l'étendue des dégâts.

« -Lève-toi, lui ordonna Hellio, les bras croisés et le regardant de haut. »

Takanori le sonda en retour, le regard brillant de haine, et fit semblant de ne pas comprendre. Une électricité palpable avait pris place entre eux. Alors qu'aucun ne bronchait, qu'aucun bruit alentour n'interrompit leur duel, qu'une immobilité en haleine les maintenaient comme statufiés ; Hellio finit par lâcher prise et soupira un grand coup. Ce dernier brusqua Takanori pour qu'il se relève et le combat reprit. Ils arrivèrent peu de temps après au bout du couloir. Pourtant, Takanori ne s'était pas encore résolu à abandonner.

Comme il s'en était douté la première fois, il découvrit un autre couloir perpendiculaire à celui qu'ils avaient emprunté. Un gris bétonneux peu uniforme s'étalait partout sur les murs. Seule cette porte détruisait la monochromie les entourant.

Sa couleur détonnait sur ce triste coloris typique des bâtiments en construction. Elle attirait irrépressiblement l'œil comparée au reste. Ce pourpre foncé mêlé à un bordeaux plus clair saisissaient et captivaient Takanori qui n'eut d'yeux que pour elle. Inexorablement, Hellio le fit avancer vers cette porte qui se changea sous ses yeux.