IX. 2

4 0 0
                                    

« -Tu vas souffrir comme j'ai souffert. Tu vas payer comme je l'ai fait pour toi. »

Le froid perçait sur sa pure peau blanche. Comme l'air sibérien d'une mort imminente. Alors que Takanori sentait qu'une amertume glacée glissait sur lui, un regret aux reflets miasmatiques l'enveloppa de son épaisse couverture. Je ne pourrai jamais vivre tout ce que je voulais faire, et au lieu de ça, je vais crever autour de ces pourris et ce sentiment d'aventure inachevée... Au coin de ses yeux perlait à nouveau du cristal. Je vais mourir seul, ce n'est pas ce que je souhaitais... Tout à coup, William revint là où sa manche avait été détruite. Il se baissa pile à la hauteur du bras de Takanori.

Un ricanement sourd émana de sa gorge. Takanori le regarda.

Sa vue demeurait floutée.

William découvrit, du bout de sa lame, tout son bas et caressa de la pointe toute la partie supérieure du membre.

« -Ah ? Aucune imperfection ? Bravo... On va souiller ça ! »

William prit une mèche de cheveux à Takanori et le tira à lui pour l'obliger à regarder. Dans les sanglots, il vit la lame passer sur son bras. La machine était lancée et une croix de feu fut dessinée sur son triceps. Sous le choc, Takanori pleura plus fort encore et des spasmes de terreur le secouèrent alors qu'il essayait de tourner la tête.

« -Observe ton sang couler, mon petit, ordonna William en tirant plus fort. Parce que ce liquide n'est pas tien, il est notre. »

Une chose froide naquit dans la plaie. En sueur, Takanori se retourna, regarda courageusement, toujours plus dégoulinant de sang. William le fixait, un sourire sadique au visage, le défiant d'oser dire quoi que ce soit.

La lame était dans ses tissus, en plein au milieu de sa croix.

Plusieurs secondes où le hurlement, espèce de mugissement en puissance retentit tandis que l'écartèlement vicieux de ses chairs mutilées, déchirement de son bras torturé, se poursuivait. À bout de souffle, Takanori finit par s'arrêter et il sentit William retirer le couteau. Ne serait-ce que sentir sa chair à découvert le fit frémir. Takanori qui était en nage, poussa un nouveau cri sous la douleur.

« -Tu sais, quand je me mets à espérer, je cherche toujours cette lumière que je vois au loin, déclara William en se relevant. Et je n'arrive jamais à l'atteindre. Je vois cette délivrance dans ce si bel éclat, et j'en suis privé. Mais je ne veux pas être le seul alors je vais t'empêcher d'avoir ta paix à toi, tu comprends ? »

Takanori ne se préoccupa pas du discours de William, préférant essayer d'assimiler cette chose qui palpitait dans son bras.

« -On dirait que tu ne comprends pas, dit William quelques instants plus tard. »

Takanori fit l'incommensurable effort de se tourner vers William qui reculait. Haletant, il découvrit une nouvelle facette de son ménechme : celle où il semblait presque peiné de ce qu'il avait devant lui. Ses traits étaient tendus par la surprise, ses sourcils étaient haussés par ce qui devait être de l'émoi et sa bouche était certainement entrouverte à cause de l'ébahissement.

Il se sentait si faible, si fatigué.

William commença à se déplacer jusqu'au niveau de la taille de Takanori, lorsqu'il s'en aperçut, il ricana méchamment.

« -Je vais te le faire comprendre. Définitivement. »

Il trembla. William s'approcha et lui dessina cinq tracés tournant lascivement sous son nombril. Le rouge aux joues, Takanori essaya faiblement de se tortiller pour échapper à ces mains trop baladeuses mais la seule chose qu'il réussit à faire fut d'amplifier le chant des chaînes qui rendit plus lugubres encore ces attouchements et accroître sa douleur au bras. William força sur ses hanches. Posant sur chacun de ses os une main, si bien que Takanori fut remis à plat. Il arrêta immédiatement de se mouvoir et essaya de se montrer coopératif.

MONSTER'S PROJECT : I. DovenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant