XIII. 2

7 0 0
                                    

Depuis qu'il l'avait rencontré l'année précédente, lorsqu'il était en période d'essai au restaurant, il avait très rapidement beaucoup aimé le gentil monsieur aux rides aussi rayonnantes que ses sourires et ses yeux marron clair pétillants de joie. Au fil des nombreuses discussions qu'ils avaient eu après qu'ils s'étaient familiarisée l'un à l'autre, ils s'étaient découverts de nombreux points commun tel que la passion de l'écriture et l'envie de débattre sur de nombreux sujet comme l'actualité.

À chaque fois qu'ils s'étaient rencontrés en dehors du travail, et un peu par hasard, ils se mettaient à débattre sur tout et n'importe quoi, c'était leur activité préférée lorsqu'ils avaient la chance de se voir. Leur différence d'âge immense changeait énormément leurs opinions, ce qui était plus intéressant encore pour eux. Comme lui avait déjà confessé Matsumasa :"Je me retrouve un peu en toi quand j'étais jeune et pimpant, c'est un sentiment très étrange pour le vieillard que je suis maintenant, tu sais ?", quant à lui, Takanori s'était toujours demandé s'il serait pareil que cet ami qui paraissait si sage, lorsqu'il serait tout aussi vieux.

« -Tu es trop mignon, mon petit ! dit le vieil homme en rigolant. Moi aussi ça me fais plaisir de te voir et de revoir la jeunesse !

-Ah merci ! Merci beaucoup, monsieur !

-Arrête de m'appeler comme ça ! Depuis le temps qu'on se connaît appelle-moi par mon prénom, Takanori !

-Gomen*, gomen*, répondit le concerné en rougissant. Mais j'ai tellement l'habitude que c'est impossible d'enlever ça (ndt : désolé) !»

Ils rirent doucement avant que Takanori ne demande à pouvoir porter les caisses que les cuisiniers avaient commandées. Matsumasa lui demanda s'il devait l'aider mais Takanori refusa en prétextant que les autres serveurs s'en chargeraient avec lui. Ainsi débuta le débarquement de fruits et de légumes diverses et variés pour les jours prochains. À deux ils défilèrent une dizaine de fois pour prendre toutes les énormes cagettes. Une fois que le déchargement fut terminé, Matsumasa finit par s'en aller, toujours aussi heureux, à bord de sa camionnette au moteur crachotant.

Takanori, lui, avait commencé à stocker les aliments dans la salle réfrigérante. Il enleva cette peine de classer chaque aliment aux cuisiniers qui préparaient soigneusement leurs fourneaux juste à côté. La fin de la matinée s'annonçait déjà lorsque Takanori termina de tout classer dans les chambres froides. Les effluves de quelques plats en préparation plus longues traversaient ses narines lorsqu'il revint au vestiaire pour prendre sa pause avant le premier service. Umi prenait également ce temps pour éviter d'avoir à préparer tous les couverts dans la salle. On fuit les taches du genre...

Il ricana dans sa barbe.

Ensemble, ils allèrent chercher dans leurs casiers ce qui volait leur temps : Umi avait son bentō* et Takanori son briquet et sa cigarette (nda : le bentō est une boîte de restauration rapide au Japon, c'est ce qui sert à être mangé au travail, en déplacement ect.).

« -Tu manges pas ? demanda Umi qui ouvrit sa boîte.

-J'ai pas encore faim, déclara gentiment Takanori en coinçant une cigarette entre ses dents. On sort ? » 

Umi acquiesça et ils partirent le parking. Takanori alluma sa cigarette tranquillement et inspira à fond. Umi commença à manger.

« -Tu penses que ce sera un bon service aujourd'hui ? dit Takanori en recrachant sa fumée. »

Il tapota la tige de sa cigarette pour enlever les cendres en trop.

« -Y a aucune raison pour que ça se passe mal, répondit Umi entre deux bouchées. On a des habitués qui viennent presque tous les midis puis après on a quelques familles et tout le reste ! Ça devrait aller je pense.

MONSTER'S PROJECT : I. DovenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant