XVII. 2

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Il n'avait absolument pas changé. William retrouva le même regard pensif et froid qu'il y avait de cela des années. En le voyant s'approcher de lui, il revit la même coupe ébouriffée lui arrivant à mi-nuque et la même stature stoïque et droite. Keitaro s'arrêta au près du mur et le regarda, les yeux dénués d'émotions.

« -Kyôko m'a dit que tu étais arrivé chez Takanori , et elle m'a aussi fait part du fait que tu connaissais le chemin pour venir ici. Bienvenue. »

En écoutant ces paroles, William descendit d'un bond et se retrouva face à Keitaro. Il le fixa sans rien dire et s'accroupit pour descendre du muret. Etrangement, son ami détourna son attention vers le sol et se recula.

« -Tu viens ? On va aller t'installer chez moi, ce sera mieux. » 

William acquiesça sans broncher. Il se cacha derrière la silhouette massive de Keitaro puisqu'apparemment, l'humain n'était toujours pas parti. Lorsqu'avec la voiture, ils sortirent du parking sans encombres. William constata à quel point du côté relationnel, ils n'avaient pas changé. Lui devenait presque muet tandis que Keitaro devenait tout de suite plus bavard. C'était semblable à une prise soudaine de force des positions inversées : lui restait statufié, Keitaro devenait vivant. Lorsque lui mourrait, l'autre renaissait.   

N'habitant pas excessivement loin du travail, William put constater qu'une dizaine de minutes les séparaient du restaurant. Pourtant, durant tout le trajet, les regards étaient devenus fixes, les paroles inutiles et les pensées furent commères. Mais qu'à cela ne tienne, la durée courte de ce moment n'avait pu gêner les deux qui s'étaient, du point de vue de William, perdus dans la contemplation du paysage. À la fin néanmoins, ils atterrirent devant la maison de l'hôte. Ils sortirent de la voiture et William prit son sac de voyage. Sans aucun commentaire, ils pénétrèrent dans la maison qui était de taille moyenne et était d'apparence totalement normale, classique.    

« -Tu connais la baraque, fais comme chez toi, lança Keitaro en s'éloignant. »   

Dès l'entrée, il y avait directement une vue sur le salon. Keitaro alla dans la cuisine directement dans le salon. Toutes les autres pièces étant du côté gauche de la maison plein pied. William s'engagea vers la dernière porte tout au fond. En chaussettes, il ouvrit le fusuma et alla sur les tatamis de la chambre. Une grande baie rectangulaire faisait office de fenêtre éclairante dans la grande pièce vide. William déposa délicatement son sac sous la baie et retourna au salon. De son côté, il vit Keitaro s'affairer en cuisine.

« -Tu veux un truc à boire ? demanda-t-il sans se retourner.

-Un café très fort si tu as, répondit William en s'asseyant sur le canapé rouge en tailleurs. »

Keitaro hocha positivement la tête. 

Aussitôt que son ami et compagnon de longue date se mit à faire les préparations, de délicieuses odeurs affluèrent aux narines de William qui se réjouissait déjà. Bien qu'il n'ait jamais été adepte des nourritures humaines, il n'avait que rarement été contre une boisson gorgée de caféine, bien au contraire.

« -J'espère qu'il te plaira, déclara Keitaro en lui tendant une énorme tasse fumante.

-Merci, le gratifia William avec un petit sourire. » 

Son ami s'assit à ses côtés en commençant à boire. Même s'il n'était que très peu réceptif aux brûlures du liquide chaud à l'intérieur de son corps. Pour des raisons inconnues, ces sensations le gênait et le rendait mal à l'aise, donc il commença à souffler délicatement la fumée loin de son visage en attendant que son café ne se refroidisse un peu. Il n'y avait que peu de bruits autour d'eux. À part Keitaro qui l'imitait, seulement le frigo et les autres machines gâchaient le silence.

MONSTER'S PROJECT : I. DovenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant