Le bruit du tonnerre le fit rapidement émerger. Les trombes d'eau et d'orages s'abattaient autour de lui. Un tonnerre. Un sursaut. Ses douleurs lancinantes le firent directement retomber dans le canapé. Un soupir.
Il a été violent celui-là...
Les gouttelettes d'eau, fébriles, déversaient leur hargne contre les fenêtres. À travers celles-ci, Takanori pouvait vaguement apercevoir un tapis violet-noir de coton hurlant une mélodie plus bestiale encore au gré des rafales. Le tout était mélangé à un chant de pluie pourtant mélancolique qui s'assemblait aux instruments saccadés qu'étaient les milles et un légers bruits sourds faisant la rythmique.
Lui, entouré d'une couette et d'un plaid, contemplait d'un œil pensif le spectacle qui s'offrait à lui. C'est tellement brutal et reposant... Magnifique. Il se tint totalement immobile jusqu'à ce que la chaleur de ses couches de couvertures ne devinrent trop étouffantes. Bon gré mal gré, il finit par se lever et plier soigneusement les épaisseurs qui l'avaient entouré. Il les mit là où avaient été ses pieds en grimaçant : elles étaient revenues. En se rassoyant correctement après cette activité, les jambes et le dos contre l'accoudoir, un gémissement plaintif s'échappa de sa gorge. L'écho retentit. Par sécurité, Takanori resta immobile pendant plusieurs secondes, le temps de s'assurer qu'il n'avait réveillé personne. Au bout d'un temps sans oser bouger, Takanori se remit debout et rallia la salle de bain.
Autant se réveiller correctement avec un peu d'eau froide...
Malheureusement, si cela avait été une idée de génie sur le papier, elle avait tourné rapidement à l'horreur. Takanori eut la désagréable surprise de trouver son équilibre bien abstrait, au point où il s'était tenu contre le mur pour avancer. Mais pire que tout, il découvrit ses membres si gourds qu'il réussit à tremper son t-shirt durant l'opération, le faisant jurer dans sa barbe invisible avant qu'il ne s'en aille de la salle de bain tout en ayant la désagréable sensation d'un corps étranger collé à lui. En revenant au salon, il prit un temps pour réfléchir à une question importante : quoi préparer au repas. En faisant une brève inspection des placards en traînant le pas, il se rendit rapidement à l'évidence qu'un fond de paquet de céréales ne serait pas suffisant pour cinq goinfres tels qu'eux. Le konbini est ouvert, c'est sûr mais j'ai pas envie de bouger...
En soupirant, il se força à prendre son manteau à l'entrée, son parapluie caché entre un amas de chaussures. Il écrivit sur deux post-it qu'il était parti faire les courses et les éparpilla devant le mur de sa porte de chambre et dans la cuisine. En revenant dans le genkan, il mit à moitié correctement ses chaussures et, le plus silencieusement possible, sortit de son appartement pour se préparer à affronter une dame Nature enragée.
Il n'avait pas trop su quoi acheter pour son improvisation de brunch en retard. Ne connaissant pas exactement les goûts de ses nouveaux colocataires, il avait finalement choisi différentes variétés de fruits, deux trois sortes de cafés et thés et quelques autres choses encore et les transportait sans sachet.
En rentrant, la pluie eut le loisir de presque le mouiller jusqu'aux os, si bien qu'en revenant chez lui, les claquements incessants de ses dents se répercutèrent sur les murs pendant plusieurs minutes. Rapidement, il déposa ses achats dans la cuisine et se dévêtit de son manteau, le parapluie et de ses chaussures qui étaient plus mouillés que tout le reste.
Takanori s'attaqua ensuite à la confection des deux recettes qu'il préférait et qu'il avait inventé, lorsqu'il pouvait se le permettre, avec ce qu'il avait acheté. À la vitesse d'une limace, il lava les fruits qu'il découpa et les mélangea dans deux saladiers distincts. Dans l'un, il mis du yuzu, petit agrume ressemblant au citron qu'il avait vu en France à part cette acidité qui caractérisait ce dernier, il avait enlevé tous les gros pépins et gardé la pulpe légèrement jaune orangé ; ajouta du kaki, petite boule rouge-orange qu'il savait juteux et sucré ; puis termina par des nèfles, fruit orange et ovale rappelant les abricots, au goût très doux qui à la fin devenait plus sucré-amer.
VOUS LISEZ
MONSTER'S PROJECT : I. Doven
FanfictionCe fut un désespoir immense qui le submergea lorsqu'il comprit que son seul but n'avait été que la déchéance. Une décadence implacable, cruelle et abominable. La plénitude avait éclipsé toutes ses pensées. Enfin, il avait fait ce qui lui avait sem...