Étincelle

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Los Angeles - Samedi 2 janvier - 10 h 02

Maé regarde la télévision, assise au milieu de son lit. Depuis son réveil, trois heures auparavant, elle n'arrête pas de zapper sur les quatre-vingt-trois chaînes qui composent son bouquet de télévision. Elle est tombée sur trois reportages courts concernant le « ciel en feu » de la nuit passée et le cratère. Tous pensent qu'une météorite est responsable de l'impact. Ou une autre douceur du même acabit. Aucun n'émet l'hypothèse qu'une adolescente de dix-sept ans ait pu faire ça avec la seule force de sa pensée, sous l'effet d'un trop plein de bonheur quand son petit-ami l'a embrassée après lui avoir susurré « je t'aime ».

Il lui a dit trois mots. Elle a semé l'apocalypse.

Elle se remet à trembler. Encore et encore. Presque convulsivement.

Elle se force à respirer normalement, les yeux clos pour effacer le monde autour d'elle. Puis, elle applique une technique de relaxation trouvée sur le net. Compter de dix à zéro. Compter de zéro à dix. Oublier le reste. Faire le vide. Compter de dix à zéro. Compter de zéro à dix...

Les minutes passent. Quand elle ouvre à nouveau les yeux, une journaliste du Los Angeles Infos est en train de parler du cratère.

Elle attrape précipitamment la télécommande et éteint l'appareil.

Sa mère l'appelle du rez-de-chaussée. Maé hésite à descendre. Et si ça recommençait, d'un coup ? Si elle blessait quelqu'un ? Si elle faisait du mal à sa mère, à Lewis, son petit frère, ou à Cane ?

Elle peut faire beaucoup de mal. Il suffit d'une étincelle...

Elle serre les dents pour ravaler un profond sanglot. Puis, après avoir essuyé ses yeux brouillés par les larmes, elle saute au pied de son lit.

Elle doit faire face à la peur. Elle va trouver quel est son problème, avec Cane. En attendant... elle doit continuer à vivre.

Il n'y aura pas de nouvelle étincelle.

Elle renifle, hausse les épaules et bombe la poitrine en rejetant ses cheveux en arrière. Elle affiche un sourire de circonstance, éloigne les doutes et les autres émotions négatives qui la handicapent.

Non.

Non.

Il n'y aura pas d'autre étincelle.