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Maé déteste sentir l'antiseptique. Petite, elle a eu un accident en faisant du vélo, une voiture l'a percutée et elle est restée à l'hôpital pendant une semaine, la cheville brisée et une côte enfoncée. Elle pleurait car elle détestait l'odeur qui se promenait dans les couloirs et dans sa chambre. Douze ans plus tard, elle retrouve l'effluve piquant de ce produit, qu'elle haït depuis, encore et encore.

Il était associé à une chute maladroite, il est désormais lié à son désespoir, sa peur la plus profonde, son angoisse palpable.

Elle attend, assise sur cette chaise bleue dans ce couloir blanc. Cane est en soins intensifs, en train de se faire opérer, et elle ne peut qu'attendre. Ses chances de survie sont faibles, le médecin l'a prévenue.

Elle ferme les yeux sous le poids des souvenirs, de ce terrible moment où elle a trouvé son petit-ami à terre, dans une mare de sang. Le pouls de Cane était si faible qu'elle l'a cru mort. Sa vie s'est comme arrêté durant quelques secondes. Elle n'a jamais eu aussi mal qu'à cet instant.

Puis l'espoir est revenu avec les secours. Entre deux sanglots, elle a perçu Milo qui discutait avec deux types en noir et les envoyaient promener, puis l'ambulance est arrivée. Un éclair de joie l'a traversée en comprenant que Cane était encore vivant, faible, mais vivant.

Un instant maigre, trop maigre.

Trois heures après, elle attend. L'espoir s'étiole. La peine est intense et courbe ses épaules.

Cane ne peut pas la quitter. Elle a besoin de lui.

Elle l'aime.

Il ne peut pas mourir.

La douleur lui fait mal, si mal.

Elle a envie de hurler.

Hurler.

Et encore hurler.


ÉtincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant