Étincelle

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A bout de souffle, ils se détachent l'un de l'autre. Les mains de Maé cessent d'explorer le torse de Milo, lui la relâche à regret, s'extirpant de sa douceur avec une difficulté qui marque ses gestes.

Un nouvel éclair déchire le ciel, Maé détourne le regard pour l'observer. Elle sent une montée d'énergie vibrer en elle et courir le long de ses bras jusqu'à ses doigts. Quand elle fixe à nouveau son attention sur Milo, jusque là aussi silencieux qu'immobile, et la remarque.

A l'endroit où elle a déposé sa main, au niveau de ses pectoraux, la chemise est brûlée, fondue. En-dessous, la peau de Milo n'a rien. Sans une once de brûlure. Elle écarquille les yeux sans parvenir à retenir un hoquet de stupeur. Il baisse à son tour le menton pour observer la trace de leur passion.

Lui aussi est vivement surpris. Il suit des doigts le bords du tissu gonflé et brûlé, sans parvenir à y croire.

-Qu'est-ce-que... s'étonne-t-il.

-Comment avez-vous fait ?

Il relâche le tissu. Et secoue la tête.

-Je ne sais pas.

-J'aurais pu vous faire mal, Milo. J'aurais dû... cette brûlure, vous auriez dû...

Il la sent affluer vers la panique. Il lui attrape le bras et le presse en essayant d'agripper son regard fuyant.

-Il doit bien y avoir une explication.

Elle se défait de sa poigne, et secoue la tête. Le tonnerre gronde si fort que le sol semble vibrer sous leurs pieds. Ils sont obligés de crier pour s'entendre. Mais elle n'a pas à se forcer. La colère est revenue, plus forte. Si intense qu'elle se met à trembler de tout son être. Elle cache la peur, elle cache la culpabilité. Elle est plus facile à endosser.

-A moi ? A vous ? A votre peau ? Ou à ce baiser, peut-être ? A quoi peut-il y avoir une explication, Milo ?

-Je ne...

-Vous n'auriez pas dû ! hurle-t-elle sans se contenir.

Il encaisse le coup avec un soubresaut. Oui, il n'aurait pas dû. L'embrasser, jouer avec elle, accepter cette mission, rester imperméable à son énergie. Il n'aurait dû rien de tout ça.

Il devrait assumer sa mission.

Mais pas ce soir. Il est fatigué. Il en a assez. Il n'a pas envie de jouer un rôle, de faire du mal à cette fille, de comprendre l'incompréhensif. Il ne veut pas savoir pourquoi sa peau n'a pas été touchée ou pourquoi il est tellement attiré par Maé. Il ne veut pas comprendre leur alchimie.

Il veut juste être une personne humaine qui est séduit par une belle fille, humaine. Un briseur de couple. Un homme charmé. Un con. Un homme. Tout ça, ensemble.

-Je suis désolé, Maé, énonce-t-il en faisant un pas vers elle. Je ne comprends plus rien. Je ne sais pas... je ne vois pas...(il écarte les bras autour de lui, cherchant les mots, ceux qui frappent juste, ceux qui proviennent du fond de son âme) Il y a juste une chose claire dans mon esprit : dès que je vous vois, je deviens fou ! J'ai besoin de vous.

Elle secoue la tête. Ses lèvres tremblent. Tout comme elle est venue, sa colère s'est dissipée d'un coup, sous l'aveu du jeune professeur. L'énergie s'est envolée, pour tous les deux. Ils sont épuisés, las.

Elle fais glisser sa paume sur la joue du jeune homme, d'une façon chargée de tendresse.

-J'aime Cane, Milo. Je l'aime.

Sa main tombe.

-On doit dissiper cette énergie. Tous les deux. Je sais qu'il y a quelque chose entre... entre nous. Mais c'est impossible. Oubliez-moi, Milo.