Étincelle

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Cane pose la main sur sa bouteille d'eau. Et la retire, pour aller ouvrir un placard dans le coin de la cuisine, à l'endroit où son père range les bouteilles en prévision de ses soirées poker. Sans vraiment y faire attention, il pioche un whisky de vingt ans d'âge, un cadeau de mariage de ses parents. Et s'en verse un verre qu'il boit aussi vite cul sec. La chaleur irradie dans son corps et brûle son estomac, il cache une quinte de toux sous sa paume avant de reprendre un verre. Il s'apprête à le vider quand Lizzie l'interpelle, à l'entrée de la cuisine. Son visage est toujours pâle mais elle semble plus sûre d'elle. Une lueur déterminée brille dans son regard.

-Ce n'est pas une solution.

-Et que dois-je faire ? rétorque-t-il froidement. Sourire et dire que tout va bien ?

-Tu peux très bien l'oublier, propose-t-elle. Oublier qu'elle est dangereuse et qu'elle t'a trompé avec mon petit ami. Fais comme moi, mets ça de côté pour une soirée. Efface le malheur qu'elle t'apporte.

Il observe le liquide ambré, comme s'il contenait toutes les solutions au monde. La peine est en lui, grandit, s'étend, le happe de toute sa puissance. Il crispe sa main autour du verre, jusqu'à ce que ses phalanges blanchissent.

-Pourquoi ? demande-t-il abruptement.

Elle avance vers lui en roulant des hanches. Ses talons résonnent sur le sol.

-Il n'y a pas de raison à tout.

-Maé n'est pas comme ça.
-Je t'en ai donné la preuve, s'écrie-t-elle.
-La seule preuve que j'admettrai sera celle que me donnera Maé. Ta brûlure... Cette vidéo... ça ne vaut rien face à sa parole.
Elle est estomaquée. Il vide le verre plein dans l'évier sous son regard interdit. Il vient de prendre une décision. Oublier oui, mais pas Maé. Le reste. Tout ce qui n'est pas celle qu'il aime.
-Que fais-tu ? s'écrie-t-elle quand il la contourne.
-Je vais la voir.
-Mais elle m'a fait du mal ! hurle-t-elle en levant les mains devant elle.
-Je ne te crois pas.
Il attrape ses clés sur la table et se dirige vers la porte. Elle l'arrête au moment où il pose sa main sur la poignée.
-Stop. Stop, putain !
Il se tourne vers elle. Et écarquille les yeux. Elle tend une arme de poing dans sa direction.
-Moi qui voulais m'amuser... soupire-t-elle.. Je vais maintenant devoir te buter. Tu deviens bien trop ennuyant, Cane ! Bien trop...