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Il se gare le long du trottoir, dans ce quartier de Los Angeles réputé pour être l'un des moins recommandés. Son regard court déjà autour de lui, la moto à peine arrêtée. Il repère cette maison délabrée d'où s'échappe de la fumée. Il s'avance vers elle, rapidement, porté par l'urgence.

Et s'immobilise soudainement, en la voyant sortir d'un pas tranquille de la bâtisse, alors qu'il est à mi-chemin entre la moto et la porte. Elle le repère immédiatement, et lui coule un sourire en coin, même si son regard trahit une certaine lutte intérieure.

-Maé, s'écrie-t-il en avançant. Tu vas...

-Bien, oui. Je vais bien.

Elle baisse le nez vers ses chaussures, un soupir lui échappe. Ses doigts pianotent sur son jean.

-Mais lui, non. Il est mort.

-Lui ?

-Ce type qui m'a agressé au parc.

-Marcus !

-Oui. Je l'ai tué, rajoute-t-elle en regardant derrière l'épaule de Milo, troublée.

Elle secoue la tête, et il sent qu'elle est effrayée par cette idée, même si elle ne veut pas le montrer. Il la prend dans ses bras et la serre contre lui.

-C'est un assassin, il l'a amplement mérité. Ne t'inquiètes pas pour ça. Je vais m'occuper de son corps, tu n'auras aucun souci à te faire.

-Ils sont nombreux à me vouloir du mal, bredouille-t-elle contre son épaule, le nez enfoui dans son manteau.

-Oui. Mais nous serons plus fort qu'eux.

-Tu es avec moi ?

-Oui.

Il passe sa main dans les cheveux châtains de la jeune femme. Il sent le coeur de Maé battre à travers le tissu de son manteau.

-Cane va bien, murmure-t-il. Il est en vie.

Elle tressaille. Et s'éloigne lentement de lui. Il voit des perles cristallines au bord de ses yeux. Des larmes de joie.

-Cane... oh Cane...

Elle fond en larmes, subitement. Il pince les lèvres, sans savoir comment réagir.

-Je l'aime, Milo. C'est lui que j'aime, dit-elle entre deux sanglots. Lui, lui et lui. Il est toute ma vie. Milo ! Il est...

-Je sais, Maé.

Soudain, il le ressent. La vérité est là, en lui. Elle a prit la place du désir, de la passion. C'est comme si ces derniers s'étaient envolés pour céder le pas à autre chose, une envie de prendre soin de Maé, une envie de la protéger. A tous prix. Il ne veut que son bonheur. Et son bonheur s'appelle Cane.

-Tu le ressens, toi aussi ? demande-t-elle en levant son regard rougi vers lui. Tu sens cette différence en toi ?

-Oui.

Il acquiesce. Il comprend.

-Notre passion, tout ça, ce n'était pas réel, continue-t-elle d'un timbre tremblant. Elle existait seulement car tu ne devais pas me tuer. Ton don... ton don existait car tu ne devais pas me tuer.

-Oui.

Lui aussi, le sait. Quelque chose a donné un pouvoir a Maé, quelque chose lui a donné la possibilité de l'aider, quelque chose a joué avec leurs vies, leurs sentiments. Cette même chose qui fait tellement peur à l'État, car elle est inexplicable. Aujourd'hui, la passion est partie. Mais leur relation est toujours là. Il veut l'aider, et elle tient à lui.

-Maintenant, tu peux me faire du mal, soulève-t-il.

Il caresse sa joue, en un rappel de ce qui est déjà le passé. Elle ferme les yeux sous la caresse.

-Je sais, mais je ne le ferai pas. Jamais.

Ils se sourient. Jusqu'à ce qu'un bruit de moteur ne les alertent. Ils tournent tous deux la tête vers le trottoir. Et voient quatre personnes sortir du véhicule. En découvrant l'une d'elle, Maé pousse un cri de joie. Elle court dans les bras du jeune garçon, fébrile. Il l'embrasse passionnément, en répondant à sa joie. Maé à retrouvé son prince charmant.

Milo regarde les trois autres s'approcher. Il les reconnaît. Ces sont des cibles fugitives. Il a de nombreux collègues à leur recherche. Il devrait les tuer, en toute logique.

Mais la logique ne fait désormais plus partie de sa vie.

Il tend la main vers eux et esquisse un sourire. La blonde lui rend son salut d'une poigne ferme, tandis qu'elle lâche avec force:

-Il est temps de changer nos vies. Il est temps de tout arrêter.





ÉtincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant