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Il faut trois battements de paupières à Maé pour parvenir à sortir de sa torpeur, pour se focaliser sur ce qui l'entoure. Elle est assise sur une chaise, au milieu d'une petite pièce au sol en béton, recouvert d'une couche d'eau d'une dizaine de centimètres. Ses pieds trempent dans l'eau, et elle ne peut les relever car ils sont liés à ceux de la chaise. Comme ses poignets retenus dans son dos.

Un long frisson parcourt son corps tandis qu'elle se débat et tente de se débarrasser de ses liens. Mais plus elle essaye, plus le métal autour de ses poignets semble se resserrer. Elle s'arrête donc au bout de plusieurs minutes, en nage, la panique en elle si intense qu'elle a du mal à respirer.

Et, alors, qu'elle analyse les lieux à nouveau, elle remarque cette petite caméra, dans un coin supérieur de la pièce. Elle braque son regard dessus.

-Qui êtes-vous ? crie-t-elle. Pourquoi suis-je là ?

Rien pendant plusieurs secondes. Puis la porte s'ouvre soudainement. Quelqu'un plonge dans le petit bassin qu'est cette pièce, une paire de botte en caoutchouc aux pieds. Elle reconnait rapidement cette barbe et cette veste de cuir. Son visage se vide de son sang. C'est son agresseur, celui qui l'a frappée au parc, qui a voulu l'emporter avec lui. Il l'observe avec une lueur à glacer le sang, comme un guépard le ferait de sa proie.

-Qui êtes-vous ? demande-t-elle d'une petite voix, en se rétractant sur elle-même, plus paniquée que jamais.

-Marcus. Et toi, tu es Maé Azgari. Tu es l'une de ces abominations.

-Ces..

-Oui, abominations, aboie-t-il en se penchant sur elle.

-Mais, je...

-Tu ne peux pas t'enfuir d'ici, la coupe-t-il. Je sais que tu vas bientôt y penser. L'eau à tes pieds te tuera à la moindre étincelle. Alors, ne tente rien.

Elle ne répond pas. Les mots se sont entassés au niveau de sa gorge, coincés par la peur la plus profonde.

-Ne tente rien, répète-t-il, en se penchant sur elle. Quant à moi, je suis encore en train de décider de ton sort.

Il affiche un rictus malveillant. Et s'éloigne sous le cri de détresse de la jeune femme.

ÉtincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant