Étincelle

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-Elle s'appelle Maé Azgari, elle aura dix-huit ans demain, et elle est capable de magner des flots d'électricité si importants qu'ils peuvent créer des cratères de plusieurs dizaines de mètres, commente-t-il en affichant une photo de la jeune femme sur l'écran blanc.

Une personne lève la main.

-Oui ?

-Avez-vous déjà pris contact avec elle ?

-Oui. Hier. Je suis désormais son voisin, à ses yeux.

-Comment comptez-vous mettre en place votre mission ? lui demande le directeur, Paul Mikaelson, bouffi dans son costume hors de prix, assis au fond de son fauteuil de cuir, les mains placées sur sa bedaine, l'air absolument insouciant à l'idée qu'il est en train de détruire la vie d'une gamine de dix-huit ans.

-L'agent Mayns et moi allons l'approcher, l'éloigner de ses proches et, dès que possible, l'éliminer, décrète-t-il en affichant un visage neutre qui cache totalement l'envie de hurler en lui.

Il a mal. Il souffre. Il ne veut pas continuer cette réunion. Il veut fuir, fuir, fuir. Mais il ne peut pas.

-Quels sont ses proches ?

-Une mère de quarante-cinq ans, Cassandra Azgari, un petit frère de treize ans, Lewis, né d'une relation inconnue de sa mère. Elle a gardé le patronyme de sa mère, refuse de voir son père, Georges Patterson, remarié et vivant en Floride avec deux jeunes enfants de son second mariage. Un petit ami de dix-huit ans, Cane Jefferson. Un lapin nain, Mizzi, auquel elle tient beaucoup.

-Vous avez appris beaucoup de chose, note le directeur Mikaelson en croisant ses mains sur la table.

-J'ai étudié le sujet, dit-il.

Il a regardé beaucoup de photos. Beaucoup trop. Les clichés dansent encore devant son regard. Il en a du mal à rester concentré.

-Concrètement, qu'allez-vous faire ? interroge un homme à lunettes et au crâne rasé, dont le nœud papillon rouge détonne dans cette assemblée de costumes noirs et de chemises blanches.

-Je vous l'ai dit, nous allons...

-Non, concrètement, le coupe l'homme, sec, hautain.

-Concrètement...

Il prend une courte inspiration. Son cœur bat vite, il a mal. Il souffre tant qu'il se demande l'espace d'un instant s'il n'est pas en train de faire une attaque cardiaque.

Mais non, il a juste de la peine, beaucoup de peine.

-Je compte approcher le sujet jusqu'à la séduire, l'emmener hors de portée de sa famille. Et, une fois loin, la tuer, monsieur. La tuer, tout simplement.