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Au volant de sa voiture, Maé observait le lycée, la main sur la poignée, l'autre sur la clé de contact. Une partie d'elle mourrait d'envie d'oublier l'étincelle qui avait bousculer son quotidien, d'oublier son agression, et de retourner au lycée normalement. L'autre, la Maé fragile et sensible ne souhaitait qu'une chose : retourner sous sa couette et s'y cacher.

Elle hésita encore douze secondes. Puis la sonnerie des cours retentit. Et elle ouvrit la portière avec un dernier regard pour les clés dans sa main, qu'elle n'utiliserait pas. Elle s'éloigna dans le parking, poussa la porte du lycée et avança dans les couloirs déjà vides à la recherche de sa salle de cours.

-Maé.

Elle s'y était tellement attendue qu'elle ne fut pas surprise quand on l'interpella, quelques instants plus tard. Lentement, elle se retourna vers son nouveau voisin, son nouveau professeur suppléant, celui qui l'avait aidé, hier, et qui avait vu, probablement. Étrangement, elle était en colère contre lui, sans savoir pourquoi. Peut-être parce qu'il savait. Peut-être parce qu'il ne lui en avait pas parlé. Peut-être parce qu'il n'était pas arrivé plus tôt.

Ou peut-être parce qu'il perturbait sa normalité, sa vie de couple, ses sens.

-Quoi ?

Il hésita, conscient de cette agressivité entre eux deux.

-On peut discuter ?

-Non.

-Il faut qu'on en parle, insista-t-il tandis qu'elle tournait le dos.

-Je n'ai rien à dire sur le sujet, et encore moins à vous.

-Maé, j'ai vu. J'ai vu l'éclair.

Elle s'immobilisa. Et se sentit perdre ses couleurs en basculant à nouveau vers son interlocuteur. Milo était flegmatique, neutre. Mais son regard brillait d'une intensité à couper le souffle.

Elle hésita, longtemps.

-Je sais, finit-elle par souffler. Ce n'était qu'une étincelle.

L'éclair. Milo. Eux. Une simple étincelle.

Elle haussa brièvement les épaules, se retourna pour la dernière fois. Et s'éloigna sans un dernier mot.


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