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Los Angeles — Samedi 2 janvier 2016 — 18h32

Cane essaye de retenir un hoquet en appliquant une compresse froide sur la brûlure. La peau est rougie sur un cercle de trois centimètres de diamètre, au niveau de son torse.

Maé tourne en rond devant lui, en agitant ses mains dans tous les sens. Elle a peur, et il peut la comprendre. Sa brûlure aurait pu devenir beaucoup plus grave si elle avait fait comme dans le parc... il aurait pu y passer. Parce que Maé est spéciale. Parce que Maé peut produire une chose folle, rien qu'en ressentant une haute dose d'émotion.

Sa petite amie est... comme les personnages qu'il aime dans les séries qu'il regarde... extraordinaire !

— Maé, je vais bien, dit-il en la voyant étouffer un hurlement dans ses mains.

— J'aurais pu te tuer.

Elle cache son visage. Il devine qu'elle pleure. Sa Maé... si sensible, si fragile.

— Tu ne l'as pas fait. Je peux survivre à une petite brûlure.

Même si elle lui fait un mal de chien. Mais il taira ce point. Il ne veut pas voir Maé plonger dans la même angoisse que cette nuit.

— Je ne comprends pas... dit-elle d'une voix étouffée.

— Moi non plus, mais ça viendra. On ira voir des spécialistes, des docteurs... je ne vais pas te laisser tomber, Maé.

Elle laisse glisser ses paumes vers son cou. Ses joues rouges tranchent sur le blanc de sa peau, ses paupières gonflées témoignent de son émotion. Son ton est pourtant ferme est décidé quand elle prend la parole :

— Des spécialistes, non. Les gens comme moi, on les enferme, Cane. Si on parle se mon... mon problème... je vais finir dans la zone 51 au côté de Roswell.

— Il doit bien y avoir quelqu'un a qui en parler, argue-t-il.

— Je ne veux même pas aborder le sujet avec ma propre mère. Alors non, Cane, non, il n'y a personne à qui je veux en parler.

— Mais,... tente-t-il.

— Non. Je n'en parlerai à personne.

Il rend les armes. Il sait que, quand Maé a décidé quelque chose, il ne sert à rien de la raisonner. Sa douce Maé est très têtue.

— Alors, on fait quoi ? demande-t-il.

— Tu vas aller voir un docteur.

— Je vais bien.

— Cane, tu vas aller voir un docteur !

Il plisse les lèvres, mais opine.

— Et pour toi ?

Elle se laisse tomber sur le tapis, face à lui.

— Pour moi, je ne sais pas. Que fait-on quand on est un être surnaturel, à ton avis ?

Il esquisse un sourire, malgré la situation, parce qu'il veut lui montrer qu'il n'a pas peur, qu'il va bien, que tout va bien. Elle le lui retourne. Il est fragile, mais il est là, présent sur son visage, dans son regard, crépitant avec douceur dans l'air.

— On fait ce que tout le monde fait de nos jours, mon ange, souffle-t-il en lui caressant la joue. On regarde sur Google.


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