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Février 2015, Pantin


Je ne me considère pas comme étant quelqu'un d'infirme, mais je reçois une prime pour personne handicapée tous les mois, ce n'est pas grand chose, mais ça peut nous aider à payer quelques factures, je ne dépense pas d'argent inutilement, lorsque j'ai besoin et non lorsque j'en ai envie, je me sers pour aller me payer un petit truc, mais le reste du temps, ce que j'ai me suffit amplement.

J'aurais voulu pouvoir aller à la fac et faire de grandes études comme ma sœur, elle n'a pas conscience de la chance qu'elle a de pouvoir étudier, elle va à la fac seulement pour montrer à tous ses gosses de riche de Neuilly qu'ont à toujours les moyens de payer même si nous vivons dans une cité.

Parfois, je me demande pourquoi est-ce que c'est moi qui suis muette, oui, ça peut paraître égoïste, mais dès fois, je me disais pourquoi moi et pas elle ?

[...]

- Lui: Aller fait attention à toi ma fille.

J'embrasse mon père sur la joue puis je descends de la voiture, malgré leur divorce, on continue de se voir lui et moi, il reste tout de même mon père, je rabat ma capuche sur ma tête et marche jusqu'à mon bloc, devant celui-ci, comme toujours, tous les garçons étaient posés. Il faut savoir que le bâtiment où je vis, est très stratégique dans le sens où il est dans une zone reculée de la cité, c'est donc ici que les dealeurs et les consommateurs se réunissent chaque jour pour leur échange.


Je passe devant eux tranquillement lorsque je sens une main sur mon épaule, je me retourne et retire mes écouteurs pour faire face à mon interlocuteur.
C'était un homme d'environ 20 ans, qui n'avait rien de particulières mises à part ses yeux verts qui lui donnaient un charme sans égale.

- Lui: T'est nouvelle ?

Je hoche la tête, pensant qu'il me laissera tranquille, mais je retire sa main de mon épaule et continue de marcher, je m'apprêtais à entrer lorsqu'il me retient par le bras, je cherchais du secours auprès des autres, mais entre tous ses hommes assis en face, personne n'a bougé.

- Fadil: Qu'est-ce que t'a à faire la désirer là ? Et tu me prends pour un pd ?! Pourquoi tu ne réponds pas.

Je tire sur mon bras pour qu'il me lâche, mais au lieu de ça, il le serrait encore plus, j'avais peur, mes larmes coulaient d'elle-même et c'est en me voyant pleurer qu'il desserre un peu son étreinte sur moi puis une voix grave sortit de nuls parts se fit entendre.

- ?: OH QU'EST-CE TU LUI FAIS LÀ ?!

- Fadil: Younes ?

Il lâche immédiatement mon bras.

- Younes : TU LUI FAISAIS QUOI LÀ ?! ET VOUS, VOUS RESTEZ LA A REGARDER ATTENDEZ QUE JE TOMBE SUR VOS SOEURS.

- Fadil: Je...je je lui faisais rien Younes, je voulais juste lui parler, mais elle ne répondait pas.

- Younes: Elle est muette enc*ler !

Tous les regards se sont posés sur moi, je n'aimais pas me montrer en spectacle, je détestais attirer les regards, je suis entrée en vitesse et j'ai monté les marches 4 par 4, je voulais juste retrouver ma mère et me sentir en sécurité dans ses bras, mais alors que je me montais, je me retrouve soudainement projeté contre quelqu'un, le choc est si dur que je manque de tomber en arrière et de me briser la nuque, heureusement pour moi, une main m'attrape fermement en serrant sur mon poignet encore douloureux.

Je lève la tête et mes yeux rencontrent les siens, cet océan de mystère s'avère beaucoup plus profond maintenant qu'il est devant moi, sa main toujours sur mon poignet, il se pousse légèrement afin de me faire une petite place.

- Lui: Fais attention la prochaine fois !

- [...]

- Lui: Dit à ta mère que je vais chercher quelque pièces et que je reviens terminer après.

- [...]

- Lui: Le fait que tu ne parles pas ne t'empêche pas de me faire un signe pour me dire que t'a compris, j'ai l'air d'un con à parler tout seul !

J'ai trouvé sa vexant et insultant de sa part, je l'ai dévisagé pendant de longues secondes, chose qui n'avait pas l'air de lui plaire puisqu'il a froncé les sourcils tout en serrant mon pauvre poignet qui virait presque au violet à présent.

- Lui: Évite, si t'as un problème avec tes yeux je les remets en place.

Il me pousse violemment puis descend les escaliers à toute vitesse, connard.

[...]

- Yemma: Tu est allé chez Farida

- Non, pourquoi ?

- Yemma: Tu dois y aller, sa fait trois jours qu'elle t'a proposé, c'est irrespectueux.

- J'ai pas envie.

- Yemma: Je veux rien savoir, tu vas t'habiller et tu y vas, dépêche-toi

[...]

Je sentais des regards insistant sur moi, toute la cité savait à présent que j'étais muette certains me regardait avec pitié et compassions, d'autres avec une pointe de moqueries, je baisse la tête et marche jusqu'à chez Farida.

- Elle: Salam Aleykûm m'a fille entre !

Je lui fais 4 bises puis entre, c'était très chaleureux et très convivial chez elle.

- Elle: Tu veux manger ?

Je secoue la tête pour dire non, mais elle fait comme si elle ne m'avait pas entendu et me sert. Je me sentais assez mal à l'aise, je ne sais pas comment communiquer avec elle, mes parents comprennent la langue des signes, Aya beaucoup moins, mais nous arrivons à communiquer, avec le reste de ma famille, on a réussi à trouver des moyens, mais avec une inconnue c'est très compliquer. La porte d'entrée s'ouvre quelques minutes après, une jeune femme, d'environ la vingtaine ressemblant fortement à khelti Farida fait son entré.



- Elle: Salam Aleykûm.

- Khelti Farida: Waleykûm Salam, Sûria elle c'est ma fille Yazel, Yazel c'est la fille dont je t'ai parler.

Elle me fait un sourire puis continue tout droit dans sa chambre, elle revient quelques minutes plus tard et se pose avec nous dans le salon, elle commence à se mêler à notre discussion, Yazel venait tout juste d'avoir 20 ans.


- Elle: On peut aller dans ma chambre pour faire connaissance si tu veux.

Je hoche la tête pour dire oui, elle m'emmène dans sa chambre et ferme la porte derrière nous, on a commencé à faire connaissance enfin, surtout elle, j'ai appris qu'elle avait 20 ans, qu'elle était auxiliaire du puériculture et que Younes était son frère, pour la première fois de toute ma vie, je me sentais en confiance avec quelqu'un.

- Elle: Il est tard reste manger.

J'essaye de lui expliquer que je dois rentrer, car je travaille, elle était très compréhensible et souhaitait même que je lui apprenne la langue des signes, alors que j'étais sur le point de partir, Younes entre il embrasse sa mère et sa sœur, puis porte son regard sur moi en me faisait un signe de tête accompagner d'un sourire.




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©Thugyh

Sûria- Les amants MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant